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« Dans la coiffure, nous étions déjà habitués à faire attention à l’hygiène. »

Alain, 59 ans, gérant du salon Alain Jasmin, quartier Centre-ville.
Propos recueillis le 16 mai.

« La reprise d’activité se passe très bien. Les clients pour l’instant sont cool. Tous ceux qui sont venus rapidement avaient besoin soit de s’échapper de chez eux, soit de se refaire une petite santé pour le moral. Dorénavant, nous prenons uniquement sur rendez-vous. Avant, habituellement, le travail se déroulait surtout sur le vendredi et le samedi. Aujourd’hui, nous arrivons à étaler la clientèle sur l’ensemble de la semaine. Donc c’est parfait !

Dans la coiffure, nous étions déjà habitués à respecter des règles d’hygiène, comme dans l’esthétique, dans les cabinets dentaires… Pas aussi intensément, certes. Mais, auparavant, nous travaillions déjà avec des gants les trois-quarts du temps. Les bacs, des surfaces, le matériel, tout est également désinfecté après chaque client. Nous avons ajouté le masque et la visière. J’ai commandé des peignoirs jetables aussi, mais il faut que la livraison arrive. Alors d’ici là, chaque peignoir porté est systématiquement lavé à 60°C, en ajoutant un désinfectant au cas où. Ce sont des charges supplémentaires que l’on facture : 3€ par client. Cela couvre juste ce qu’on dépense, et je n’en suis même pas sûr.

Les clients, eux, viennent au salon avec leur masque. Nous le recommandons. Après pour travailler, sincèrement, cela nous dérange un peu pour les coupes homme quand il faut faire du court… Quant aux distanciations sociales entre les fauteuils, nous n’avons aucun problème pour les respecter. Et pour les bacs, au lieu de nous servir des trois, nous n’en utilisons que deux.

Nous ouvrons plus tôt et fermons plus tard pour pouvoir aérer plus le salon. Je tourne avec mes quatre salariées en décalage horaire. Nous commençons à 9h et terminons à 20h. Nous sommes donc moins nombreux à être présents sur place en même temps.

On sent un contentement chez les clients : cela leur fait plaisir de nous revoir au salon et cela nous fait plaisir aussi. Je ne sens pas particulièrement de crainte, ni de leur côté, ni du nôtre. Tout le monde attend avec impatience de pouvoir un jour enlever son masque et vivre normalement ! »

« J'attends la réouverture du jardin »

Mireille, 94 ans. Quartier Centre-ville.
Propos recueillis le 18 mai.

« On a marché sur la lune, on a fait des trucs extraordinaires en informatique, on a créé des robots qui font tout mais on n'a pas soutenu les hôpitaux ! Voilà ce que cette saleté de virus nous démontre. Il y a eu des progrès importants dans la médecine mais des hôpitaux ont été fermés régulièrement. À Ivry, on a perdu l'hôpital Jean Rostand il y a une dizaine d'années. J'espère que cette crise va pousser le gouvernement à miser à nouveau sur la santé.

Grâce à mes parents, j'ai appris à me débrouiller toute seule et à prendre la vie comme elle vient. J'ai travaillé pendant 46 ans dans le téléphone. J'ai commencé comme standardiste aux PTT, dans un grand central téléphonique, avec un casque et des fiches ! «Vous voulez le 22 à Asnières ? Ne quittez pas, je vous le passe !».

À la retraite, je suis restée indépendante et je n'ai pas l'habitude de demander de l'aide. Mais si on m'appelle pour m'en proposer, je ne dis pas non. J'habite le Centre-ville et je fais mes commissions moi-même mais là, les queues devant le supermarché ou même au marché sont trop longues. Depuis plus de deux mois, une personne en lien avec la Maison de quartier se charge de mes courses, j'en suis très contente. Le syndic de mon immeuble m'avait aussi proposé de l'aide.
Trois fois par semaine, je reçois les sympathiques coups de fil de Samila du service des retraités*. On ne se sent pas abandonné ! À mon âge, beaucoup de mes amis et proches sont déjà décédés. Ma famille m'appelle de temps en temps : mes neveux, petits-neveux et même arrières petits-neveux. Maintenant, j'attends la réouverture du parc Jules Coutant près de la mairie, c'est le jardin des anciens. J'aime m'asseoir sur un banc, lire un magazine, faire des mots croisés et dire un petit bonjour aux personnes qu'on croise.
 
*Plan de lutte contre l'isolement des personnes âgées. En savoir plus

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