L’air, nous le partageons tous, l’inspirons et l’expirons sans même y penser. Sa qualité est pourtant une préoccupation affirmée de nombreux Ivryens et de la municipalité. Et pour cause, notre territoire est bordé par le périphérique, où circulent quelque 1,1 million de véhicules par jour, l’autoroute A4 et accueille sur son sol le plus grand incinérateur de déchets d’Europe. Rien d’étonnant que la qualité de l’air soit l’un des quatre axes prioritaires du nouvel Observatoire écocitoyen de connaissance des pollutions (OECP). Ce dernier a émis comme proposition d’installer des capteurs disséminés sur la commune. L’objectif est de produire de nouvelles connaissances en la matière. Un des membres partenaires de l’OECP, Sorbonne Université, pourrait en ce sens répondre à un appel à projets de l’Ademe, l’agence nationale de la transition écologique. Ivry deviendrait ainsi un terrain d’expérimentation, avec la participation des habitants.
Air et santé
En attendant, l’Observatoire poursuit sa diffusion de la culture scientifique afin de donner à tous des clés de compréhension sur la qualité de l’air et partager un état des lieux de l’existant. C’est dans ce cadre qu’a eu lieu le 14 novembre dernier une rencontre intitulée Échappée inattendue du CNRS à l’Espace Gérard Philipe. Trois scientifiques étaient invités pour une conférence-débat. Il a été question des différents composés atmosphériques, de leurs interactions et transformations, avec le chimiste Vincent Michoud. L’épidémiologiste Kévin Jean, lui, a fait le lien entre pollution de l’air et santé. Il a expliqué que les polluants dans l’air avaient, en fonction de leur type, des déplacements et une durée de vie différente.
« Par exemple, le dioxyde de carbone ne voyage pas loin et se concentre autour des sources d’émission. Les particules sont, elles, plus volatiles et vont plus loin, poussées par les vents. » On apprend ainsi que les PM2,5 (particules fines de moins de 2,5 micromètres de diamètre) causent 40 000 décès par an en France et font perdre près de huit mois d’espérance de vie pour les plus de 30 ans ! Pour le scientifique, la lutte contre le réchauffement climatique est une opportunité pour améliorer la qualité de l’air : avec des bénéfices à court terme et ciblés (en supprimant les polluants qu’on émet localement qui sont ceux qu’on respire en permanence).
Troisième intervention : celle de Lou Méchin, ingénieure à AirParif, une association loi 1901 qui a pour mission de surveiller la qualité de l’air et qui est membre de l’OECP d’Ivry.
« Entre 2007 et 2024, les concentrations des polluants dans l’air francilien ont été divisées par deux, même si les seuils de recommandations de l’Organisation mondiale de la santé sont dépassés dans toute l’Île-de-France », indique-t-elle. Tout en précisant qu’il n’y a pas de règlementation - et donc très peu de mesures - en ce qui concerne les particules ultrafines. Ce qui fait dire aux habitants présents ce soir-là, que « la situation pourrait être plus défavorable en fait, si les particules ultrafines étaient prises en compte… ».
En tout cas, pas besoin de mesures pour constater que l’objectif de la rencontre a été atteint : rendre accessible la science pour s’en emparer dans son approche du quotidien.
Ahmed Talbi
Le 8 décembre, participez !
Atelier participatif sur la qualité de l’air avec Nicolas Marilleau, chercheur à l’Institut de recherche pour le développement.
À l'ordre du jour : la co-construction d'un projet de recherche à partir des questionnements des habitants et des habitantes, en partenariat avec Sorbonne Université. Ce sera le 8 décembre, à 18h30, à l’Espace Gérard Philipe (Centre Jeanne Hachette, entrée rue Raspail). 01 72 04 64 40. espacegerardphilipe@ivry94.fr
Plus d’infos
Lire le dossier d’Ivry ma ville de décembre 2025. Il est consacré à l’Observatoire écocitoyen de connaissance des pollutions qui mêle élus, scientifiques et habitants pour mener des recherches sur l’environnement et la santé publique.