
« Comme des dizaines de milliers de personnes, j’ai pris connaissance de la lettre ouverte que vous m’avez adressée via Instagram. Elle constitue pour moi, comme pour beaucoup, un véritable séisme en matière de prise de conscience, et entraîne une crise politique salutaire et inédite à Ivry.» C’est par ces mots que le maire Philippe Bouyssou a répondu à la lettre ouverte de Mélissandre, victime d’un viol en 2016.
Après sept ans de procédures judiciaires et de silence, la jeune femme a interpellé publiquement le maire à propos de son attitude depuis sa dénonciation des faits, et à propos de celle de quatre autres élus de la majorité. Le 7 novembre 2025, l’agresseur a été condamné à cinq ans de prison par une cour criminelle du Val-de-Marne pour viols sur deux personnes.
Conséquences
Quatre élu.es de la majorité municipale ont été présent.es aux côtés de l’accusé, lors de son procès. Deux d’entre eux ont témoigné à la demande de la défense. « Or, dans un cadre comme celui-ci, et au-delà des motivations personnelles de chacun et chacune, il n’est pas possible de dissocier la personne porteuse d’un mandat électif de la sphère privée », rappelle Philippe Bouyssou.
Tirant toutes les conséquences des contradictions entre l’engagement de la Ville et de la majorité municipale contre les violences sexistes et sexuelles, d’une part, et la présence de ces quatre élu.es communistes aux côtés d’une personne accusée de viol, d’autre part, Philippe Bouyssou a enregistré la démission de l’adjointe au maire Sarah Misslin, et celles des conseillers municipaux Séverine Peter et Mehdi Mokrani. Il a également suspendu les délégations de Romain Marchand, son premier adjoint. La conduite des affaires municipales et la continuité du service public sont assurées.
« Il y aura forcément un avant et un après "la lettre de Mélissandre"qui appelle à une véritable révolution de société et des changements profonds, systémiques dans nos pratiques, affirme avec force le maire. Ce, pour rompre enfin avec la domination patriarcale qui subsiste, et ne plus commettre la faute, à l’avenir, de n’être pas inconditionnellement, immédiatement et publiquement du côté des victimes. »
Catherine Mercadier et Ahmed Talbi
