Installés dans un campement de tentes sous le pont Mandela, plusieurs dizaines de jeunes migrants vivent là depuis la fin du mois de juillet. Mineurs et sans solution de logement, ils sont accompagnés par l’association humanitaire Utopia 56. Cette dernière a sollicité les pouvoirs publics, en vain. Pour pallier cette absence de réponse, la Ville a mis à disposition de ces jeunes des conteneurs, des toilettes et un réservoir d’eau potable.

Pour Philippe Bouyssou, le maire, « il s’agit malheureusement d’une situation devenue trop commune, trop banale ces dernières années pour la France, 7e puissance mondiale, et pour notre région la plus riche du pays. Ces jeunes hommes ont dû émigrer d’Afrique subsaharienne, d’Afghanistan, ou d’ailleurs, pour fuir la pauvreté, les guerres, les oppressions de toutes natures. Arrivés ici, il leur faut attendre de longs mois, parfois des années, pour que leur situation administrative soit étudiée. »

Sans aucune ressource, ces jeunes - uniquement des garçons -, passent la journée à Paris, sur les camps mis en place par l’association, place de la Bastille notamment, et viennent le soir dormir à Ivry.
D’après Utopia 56, les personnes présentes à Ivry ont été déboutées de la reconnaissance « mineurs » et ont déposé un recours auprès du Tribunal administratif. En clair, durant cette période de recours allant de 6 à 18 mois, ces jeunes ne sont considérés ni comme des mineurs, ni comme des adultes. Aucune solution d’hébergement de droit commun ne peut donc leur être proposée.

Propriétaire du terrain, Haropa Port-de-Paris a porté l’affaire en justice en demandant l’évacuation du campement. « Il faut d’urgence que l’État prenne ses responsabilités, trouve un lieu d’hébergement, et nomme un opérateur social pour étudier la situation de chacun d’entre eux, enrage le maire. On ‟n’évacue“ pas des personnes à la rue : on les repousse simplement plus loin. Je m’opposerai donc à toute expulsion sans mise à l’abri. Je solliciterai dans les jours à venir une table ronde réunissant la Préfecture, le Département et la Ville de Paris. »

La Ville envisage un rassemblement solidaire sur le site du campement la semaine prochaine, avec pour revendications de mettre à l’abri ces jeunes le plus rapidement possible (avant la trêve hivernale) et qu’ils soient suivis par un opérateur social. À suivre.

Ahmed Talbi

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