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Ateliers scientifiques, débats, balades urbaines, stands associatifs et municipaux : le programme de la Conférence climat a été varié. Elle a rassemblé plus de 900 personnes au fil de la journée du 17 mai. © Julie Subiry

En 2100, le réchauffement climatique sera finalement de plus 4°C en France. Telle est la conclusion du troisième Plan national d’adaptation au changement climatique, rendu public en mars 2025. Le sénateur Ronan Dantec (groupe Écologiste-Solidarité), qui a travaillé sur ce rapport, l’a commenté lors du débat sur l’adaptation de la ville au réchauffement climatique, organisé lors de la Conférence climat le 17 mai. « Peu d’entre nous se rendent compte ce que cela signifie concrètement. Aujourd’hui, avec une hausse de 2°C, nous connaissons déjà des événements extrêmes : épisodes de sécheresse, inondations à répétition : les Hauts de France, la vallée de la Roya… Avec une augmentation de 4°C, ça va tanguer encore plus ! » 

Pour cet élu, il convient d’aborder ce scénario avec lucidité : « À Ivry, nous sommes sur un territoire extrêmement urbanisé où la qualité des logements est un enjeu majeur. Le concept de "précarité énergétique" a longtemps renvoyé au fait d’avoir chaud l’hiver. Demain, cela fera référence au besoin de fraîcheur l’été. » Le « confort d’été » doit donc être intégré dans les nouveaux bâtiments, ainsi que dans les anciens lors des rénovations. 

Paysages à inventer

Patricia Pelloux, directrice adjointe de l’Atelier parisien d’urbanisme (Apur) confirme la nécessité de travailler sur les habitations, les matériaux et les dispositifs permettant de se protéger du soleil. « À l’échelle de la métropole, nous constatons des écarts considérables de températures, de l’ordre de 6 à 8°C, entre les espaces verts disposant d’arbres, et les autres », ajoute-t-elle.

La végétalisation de l’espace public est aussi l’une des premières actions à mener. Verdiana Spicciarelli, architecte-urbaniste à l’agence Base qui travaille sur le secteur Ivry Confluences, en est convaincue : «Il ne faut pas seulement créer des parcs et des jardins. Il faut réinventer le paysage afin de ramener la nature en ville au pied des immeubles, sous forme de réseau. Ainsi les citadins pourront bénéficier de parcours "fraîcheur" en sortant de chez eux pour se rendre au travail ou à l’école. » Pour ce faire, l’évolution de la botanique est étudiée : « Le développement de la végétation méditerranéenne n’est pas la seule option. Certaines plantes du climat continental peuvent résister, tel le chêne vert. Il est important de mettre en terre des espèces jeunes capables de s’acclimater et de diversifier les végétaux. » Les traditionnels alignements de marronniers ou de platanes sont déconseillés car trop vulnérables en cas de maladies liées à la pollution ou aux aléas du climat. 

Enfin, les trois experts ont salué la présence de la Seine et de la Marne en bordure d’Ivry, îlots naturels de fraîcheur. Mais en cas de fortes pluies, il faudra se préparer aux crues, même si celles-ci ne formeront pas une vague géante. La culture du risque est à initier au sein de la population.  

Catherine Mercadier

Retrouvez le programme de la Conférence climat ici

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