
« Plus de 500 jours d’école non remplacés ! Voilà ce que nous avons comptabilisé pour l’année scolaire en cours. À Ivry, il y a des enfants à qui il manque deux mois d’école. C’est gigantesque », déplore Marion, enseignante en CP à l’élémentaire Guy Môquet. Elle participait à la journée de forte mobilisation du mardi 10 juin. Deux groupes scolaires, Jacques Solomon et Paul Langevin, étaient fermés ainsi que la maternelle Eugénie Cotton. Des bureaux de direction d’école ont été occupés par les parents à 8h30, une assemblée générale a eu lieu avec plus de 90 enseignants et personnels grévistes, des banderoles ont été confectionnées… À 18h30, devant l’hôtel de ville, des prises de paroles ont été organisées, avec le soutien d’élus. Près de 200 personnes s’y sont rendues. « Les parents sont très mobilisés, nous ne lâcherons pas ! », affirme Judith Lopès, coresponsable de l’Union locale de la FCPE.
Priorité à l’éducation
La question du classement en Réseau d’éducation prioritaire (Rep) de tous les établissements ivryens est posée, seule une poignée d’entre eux n’étant pas en Rep. « À l’école Jacques Solomon, les classes sont surchargées - jusqu’à 30 élèves - car nous ne sommes pas en Rep, rappelle un enseignant du groupe scolaire. Pourtant, nous avons un indice de position sociale (IPS) parmi les plus bas de la commune comme l’école Anton Makarenko, qui, elle, est en Rep. Elle n’a pas plus de 25 élèves par classe, et des Grandes sections, CP et CE1 dédoublé.
Quant au nouveau collège Gisèle Halimi, il n’est pas non plus en Rep au grand dam des enseignants et des parents : « Nous manquons de personnel encadrant, comme un proviseur adjoint, explique Murielle Schwartz, enseignante de français et déléguée à la CGT Educ’action. C’est le ministère qui décide du statut Rep même s’il nous dit que la carte de l’éducation prioritaire est gelée depuis dix ans. Le collège Samuel Paty a récemment ouvert ses portes à Valenton et a été classé Rep ! » Le sénateur Pascal Savoldelli, qui a déjà écrit à la ministre de l’Éducation nationale Elisabeth Borne, va la resolliciter.
Pour Fabienne Oudart, adjointe au maire en charge des politiques éducatives, cette mobilisation sans précédent n'est pas terminée et annonce de nouvelles actions pour la rentrée. La soirée s’est terminée par un mot du collectif « Pas d’enfants sans toit », qui soutient deux enseignantes de Tours accusées d’avoir mis à l’abri des élèves qui dormaient dehors. Sur leur pancarte, il était écrit : « La solidarité n’est pas un délit. » C’est même une force !
Catherine Mercadier