
L’Ivryen Albert Meslay est un as du bon mot qui sait faire mouche sans jamais être bateau. Pourtant, depuis ses débuts d’humoriste en 1985, cet ancien analyste a animé bien des croisières pour parfaire sa prose (la croisière ? Sa muse pour évoquer le réchauffement climatique). En 1995, l’immense Raymond Devos en personne lui remettait le prix du meilleur spectacle humoristique. Avouez qu’en matière de jeux de mots, il n’est pas anodin d’être adoubé par l’esthète Devos !
Qu’il se penche sur l’astronomie (« Un trou noir, c’est troublant »), sur l’Histoire (« Louis XVI était bel et bien coupable… Au moins en deux ! »), sur le travail (« L’esclavage garantit le plein emploi ! ») ou la géopolitique (« On se bat dans les Balkans ? Le samedi soir. »), Albert met les bouchées doubles - ou les charcutiers jumeaux, c’est selon. Fusant à chaque tournure de phrase, les aphorismes et autres syllogismes de ce véritable « tourneur-phraseur » manient absurde, politique et bon sens, comme lorsqu’il s’indigne à raison des discriminations frappant les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer : « Je trouve d’autant plus dégueulasse de se moquer des amnésiques qu’ils ont une qualité principale, ils ne sont pas rancuniers ! »
Son nouveau spectacle, Je n’aime pas rire, ça me rappelle le boulot, est un florilège de ses trois précédents : L’Albertmondialiste en 2010, Je délocalise en 2015 et La Joyeuse histoire du monde en 2019. Un « menu best of » pantagruélique où si l’on s’étouffe, c’est de rire !
Daniel Paris-Clavel
Je n’aime pas rire, ça me rappelle le boulot, par Albert Meslay, le 11 octobre à 20h30 au Petit Ivry Cabaret (11 rue Barbès). Réservations via https://petitivrycabaret.fr