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Quand des artistes se disent que ce n’est peut-être pas à eux de choisir de quoi devrait parler leur nouvelle création. © Estrarre

« Quelle serait la pièce, non pas celle que personnellement vous auriez envie de voir au théâtre, mais celle qui vous semblerait pertinente et nécessaire à monter aujourd’hui ? » C’est la question à laquelle ont dû répondre une vingtaine de citoyens à la demande de la compagnie Estrarre. « Nous les avons accompagnés pour écrire un cahier des charges à l’autrice et au metteur en scène, explique Lucie Cabiac, chargée de médiation culturelle au théâtre Antoine Vitez (TAV). D’octobre 2023 à janvier 2024, tous les mardis, nous avons organisé des sorties afin de leur donner matière à réflexion. » Les commanditaires ont formulé un cahier des charges en janvier 2024 à partir duquel l’autrice Magali Mougel a écrit un texte. « Nous avons beaucoup tourné autour de ce qu’on ne voulait pas, témoigne Jean-Christophe, 59 ans, informaticien. Cela ne pouvait pas être un truc drôle sans qu’il y ait un message. La pièce manquante, c’était forcément une pièce engagée et qui rebooste. »

Création démocratique

Avec LA Décalcomanie, une pièce manquante, la Cie Estrarre clôture ses trois années de résidence au TAV avec une création pas tout à fait comme les autres.
« J’ai l’impression que les commanditaires avaient envie d’une pièce qui parle de choses importantes tout en apportant de l’espoir et de la joie, analyse Julien Kosellek, metteur en scène. Et ça, je le comprends tout à fait au vu du monde dans lequel nous vivons ! »

Résultat ? Nous sommes en 2037 dans une France coupée en deux, à la suite de la victoire de l’extrême droite. À l’Est, les partisans de la préférence nationale ; à l’Ouest, le respect de la diversité. Précisons que le texte a été écrit avant les élections européennes de 2024 et les législatives qui ont suivi... La pièce alterne entre farce politique et récit intime sur l’intolérance, sur le ton de la bouffonnerie et de l’intrigue policière. « Ce que j’aimerais retrouver du cahier des charges ? Les questionnements autour de l’équilibre entre utopie et dystopie*, entre réalisme et optimisme, confie Marion, 42 ans, chercheuse en Antiquité romaine. Une pièce qui ouvre à la réflexion et au dialogue, et qui ne soit pas une idée imposée. » Gageons que cette création répondra aux attentes des commanditaires comme du public. À vous d’en juger !

Sylvie Moisy

* Dystopie (contraire d’utopie) : société imaginaire régie par un pouvoir totalitaire ou une idéologie néfaste.

- LA Décalcomanie, une pièce manquante, du 7 au 22 novembre à 20h, au Théâtre Antoine Vitez (1 rue Simon Dereure). Réservation : 01 46 70 21 55 - theatrevitez.fr
- Éclairages au bar : les 8, 15 et 22 novembre, à 18h, pour approfondir la thématique du spectacle. Le 14 novembre, séance en audiodescription.

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