510-breve-2-Samila-retraites-1500.jpg
© Photo personnelle

« Depuis le début du confinement, j'ai été mandatée avec d'autres collègues du service des retraités, pour téléphoner aux seniors. Ils ont été répertoriés via le dispositif municipal de lutte contre la canicule et l'isolement qui est mis en place tous les étés à Ivry. Nous y avons rajouté une dizaine d'Ivryens supplémentaires qui se sont signalés en mairie depuis le 17 mars.

Je travaille de chez moi, en lien avec mon service. J'ai une liste de 79 personnes, dont la plus âgée a 101 ans. Je connais leur situation familiale, si elles bénéficient d'une aide ménagère, de portage de repas, de soins infirmiers... Je les appelle deux à trois fois par semaine, en dehors du week-end, les jours où elles n'ont pas de visite. Je contacte les plus isolées quotidiennement. Elles ont mon numéro de téléphone, en cas d'urgence. Aucune n'en a abusé, une dame m'a juste appelée à 6h du matin une fois, suite à une chute.

Au départ, nous cherchions à savoir si nos seniors avaient une solution pour les courses alimentaires, pour récupérer des médicaments à la pharmacie. Maintenant, il s'agit davantage de coups de fil pour rythmer la journée, rompre l'isolement.

Le prolongement du confinement envisagé par le gouvernement mi-avril pour les plus âgés les a beaucoup angoissés. Il était vécu comme une privation de liberté. Comme il a été abandonné, les personnes sont plus sereines mais s'interrogent beaucoup sur le manque de masques. À la voix, je sens si la personne va bien ou s'il y a une petite baisse de moral. Alors, nous discutons, j'essaie de leur changer les idées. Beaucoup me disent « J'attendais votre appel ! » Ça fait plaisir ! Si je sens le besoin d'un soutien psychologique, il m'arrive de donner les numéros de lignes d'écoute téléphonique, comme celles de l'association des Petits frères des Pauvres ou la Croix-Rouge chez vous*.

J'ai personnellement des problèmes de santé qui m'obligent à rester confinée, je ne peux pas porter des courses ou des repas. En favorisant le lien social avec nos aînés, je me sens utile, solidaire. Nous sommes dans l'ombre mais nous apportons un petit "plus" ».

Propos recueillis par Catherine Mercadier le 20 avril.

Besoin d'écoute et de soutien*

·         Association des Petits frères des Pauvres : 0 800 47 47 88 (7/7, de 15h à 20h)
·         Croix-Rouge chez vous : 09 70 28 30 00 (7j/7, de 8h à 20h)
·         Et aussi le numéro national : 0 800 130 000 (7j/7, 24h/24)

Tous ces numéros sont gratuits.

80 coups de fil quotidiens

Depuis le premier jour du confinement, la Ville a activé un plan de lutte contre l’isolement des personnes âgées et vulnérables, qui reprend le registre des personnes inscrites dans le cadre du plan de prévention de la canicule et des intempéries. Le service municipal des retraités a la charge de cette mission spécifique qui mobilise actuellement neuf de ses agents. Durant le premier mois du confinement (du 17 mars au 17 avril), 397 personnes différentes ont été appelées, soit en moyenne 180 coups de fil quotidiens. Selon la demande, certaines sont appelées quotidiennement, d'autres deux ou trois fois par semaine.

« L'isolement est un facteur d’aggravation psychologique mais aussi physique, explique Denis Kessler, responsable du service municipal des retraités. L'absence d'activités physiques entraîne un risque de dénutrition et de perte de mobilité. Quant au contact humain, la relation à l'autre est primordiale afin de conserver son autonomie, ne serait-ce que répondre à un appel téléphonique. » Depuis peu, des collègues de la médiathèque lisent même des ouvrages aux seniors par téléphone !

Retour en haut de page