20201202-Hebdo-Asfari-1500.png

Tristes anniversaires pour le Sahara occidental. Il y a tout juste 10 ans, le 8 novembre 2010, des militants pour l’indépendance de cette zone située au sud du Maroc étaient arrêtés lors du démantèlement par les forces de sécurité marocaine d’un campement de manifestants à Gdeim Izik. Ils ont été condamnés par un tribunal militaire en 2013 à des peines de prison allant jusqu’à la perpétuité. Parmi eux, Naâma Asfari, mari de l’Ivryenne Claude Mangin et citoyen d’honneur de notre ville depuis 2016.

Le 25 novembre, la Cour de cassation a examiné le pourvoi de Naâma Asfari et de 18 autres militants sahraouis contre le jugement de la cour d’appel de Salé de juillet 2017, rendant définitives les condamnations prononcées contre eux à l’issue de procès entachés par des allégations de torture. La Cour de cassation a rejeté le pourvoi, ne laissant comme seul espoir qu’une grâce royale pour obtenir la libération des prisonniers avant le terme de leur peine.

« Guerre ouverte »

Triste anniversaire d’autant plus que cela faisait près de trente ans qu’un cessez-le-feu avait été signé entre le Maroc et le Front Polisario, lequel avait prononcé en 1976 la création de la République arabe sahraouie démocratique. Le 13 novembre, les forces marocaines se sont introduites dans la zone tampon de Guerguerat, située entre la région sud du Sahara occidental et la Mauritanie, pour rétablir le trafic routier coupé par des indépendantistes sahraouis, selon le gouvernement marocain. « Une situation de guerre ouverte », selon le gouvernement de la République arabe sahraouie démocratique (RASD). Depuis, la zone fait l’objet d’échanges de tirs réguliers entre les belligérants.

Des événements que Naâma Asfari avait anticipés dans une tribune prémonitoire écrite le 28 octobre depuis la prison de Kénitra et publiée par L’Humanité le 6 novembre (lire la tribune) : « On peut lire au prisme de [la] dialectique du dominant/dominé le mouvement de la résistance sahraouie, et faire la lumière sur l’évènement Gdeim Izik en 2010, moment historique dans le combat pacifique du peuple sahraoui. Pourquoi Gdeim Izik exprime-t-il une colère du peuple? La colère, ce grand refoulé des trois dernières décennies « ni guerre, ni paix » revient au premier plan aujourd’hui avec ce qui se passe à Guerguerat depuis le 20 octobre 2020, une manifestation pacifique organisée par des civils venus des campements de réfugiés sahraouis de Tindouf et des Territoires libérés pour célébrer Gdeim Izik et contester la présence négative de la MINURSO-Mission des Nations Unies pour l’organisation du référendum d’autodétermination pour le Sahara Occidental. » 

Depuis la décision de la Cour de cassation, Claude Mangin l’épouse de Naâma Asfari ne cesse d’alerter médias et politiques. Le 28 novembre, la plateforme des Associations françaises de solidarité avec le peuple sahraoui et  du Collectif de la communauté des Sahraouis en France ont organisé une manifestation place de la République à Paris pour exiger « l'arrêt de la répression dans les territoires occupés et la libération des prisonniers politiques ».

Thomas Portier

Retour en haut de page