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Ce 14 mars, le Luxy a rallumé ses projecteurs, comme 20 autres salles de cinéma en France pour réclamer la réouverture de tous les lieux culturels, si essentiels ! © Mairie d’Ivry-sur-Seine - David Merle

« Le cinéma est une expérience collective, et cela fait 4 mois et demi qu’à nouveau chacun la vit de son côté, déplore Jean-Jacques Ruttner, responsable du cinéma municipal Le Luxy. Aujourd’hui, nous allons pouvoir la revivre collectivement ! Refaire vivre le « ensemble » ! » Dimanche 14 mars, pour commémorer l’anniversaire du dernier jour d’ouverture des salles de cinémas au printemps 2020, alors qu’un an après, jour pour jour, celles-ci restent fermées, Le Luxy a… rouvert ses portes pour une journée.

Quelque 300 spectateurs ont pu participer à trois séances de projection-test. Car alors qu’un décret du 29 octobre 2020 autorise les projections à but professionnel pour préparer la sortie des films, les organisateurs ont utilisé cette faille en invitant les spectateurs à des projections-test. « Ils ont présenté au public des films amenés à venir sur les écrans dans les prochains mois pour recueillir leurs avis, leurs réactions, leurs sentiments », indique Jean-Jacques Ruttner. L’initiative était organisée par l’Acid (Association du cinéma indépendant pour sa diffusion) et le Gncr (Groupement national des cinémas de recherche) - deux structures auxquelles adhèrent Le Luxy. Et la démarche a également reçu le soutien de la Ville.

Le mercredi précédent, les membres de l’association Les Amis du Luxy avaient été conviés par mail par le cinéma municipal à ces projections privées, gratuites, sur réservation, et à but professionnel, comme l’autorise donc la loi. À l’issue des trois séances, un questionnaire-type était adressé par mail à chaque spectateur dans la soirée. Leurs avis et réactions sur le film étaient recueillis, un test donc grandeur nature pour les réalisateurs et les distributeurs.

Seules 20 salles sur 2046 salles de cinéma en France ont répondu à l’invitation de l’Acid et du Gncr.Et seulement deux salles en Île-de-France, dont Le Luxy.« La Ville est fière que son équipement municipal ait eu l’exigence et la volonté de participer à cette démarche, celle qui consistait à faire la démonstration dans un cadre très sécurisé qu’il est possible d’aller au cinéma dans la période en toute sécurité », déclare Méhadée Bernard, adjointe au maire en charge de la culture.

Stop à la fermeture !

Et l’élue de poursuivre : « Cela va-t-il déclencher la réouverture ? Je l’ignore mais je l’espère. Car la culture est essentielle, encore plus dans cette période de repli sur soi où notre vie est quand même réduite au travail pour ceux qui en ont encore un. La culture aide à se construire, grandir, apprendre, travailler un imaginaire, développer son sens critique, résister… C’est tous ces champs-là qui sont étouffés. Alors que cela fait beaucoup de bien. Et dimanche, les conditions sanitaires ultra strictes mises en place étaient bien plus sûres que celles dans un bus, un métro ou une supérette ! »

Un strict protocole sanitaire était exigé à chaque séance : obligation de réserver, gel hydro-alcoolique à l’entrée, masque obligatoire pendant toute la présence dans le cinéma, circulation régulée… Le protocole était même renforcé avec obligation de laisser un siège de libre sur deux, y compris pour les groupes. Au total, un tiers de la jauge était remplie.

Au-delà du plaisir de se retrouver et de recueillir l’avis des spectateurs, il s’agissait bien de dénoncer une situation jugée injuste. « C’est un acte politique, militant, revendicatif, car nous sommes vraiment dans l’hypocrisie, tempête Jean-Jacques Ruttner, responsable du Luxy. Car il y a des représentations et des projections mais elles sont réservées aux professionnels ! La réalité est donc bien qu’il n’est pas impossible de réunir. »

Parmi les spectateurs, acteurs et réalisateurs étaient également présents : Mathieu Almaric, Nicolas Maury, Serge Bozon, Pascal Cervo… Des représentants des deux associations partenaires, des distributeurs, ainsi que de nombreux élus de la majorité municipale. De nombreux médias nationaux étaient également venus couvrir l’événement.

« Il n’a jamais été démontré que les salles de cinéma pouvaient être un lieu de contamination, rappelle Jean-Jacques Ruttner. S’il faut encore renforcer ou changer le protocole qui existe déjà, faire plus d’efforts, qu’on nous le dise ! On le fera. On est prêt. On l’était déjà lors de la précédente réouverture cet automne. Et le 15 décembre dernier, les cinémas, les théâtres, les musées, tout le monde de la culture était prêt pour ouvrir. »

Comme tous équipements culturels, sur les douze derniers mois, Le Luxy a été fermé 240 jours sur 365. Et donc ouvert 4 mois et 9 jours sur 12 mois… Alors, dimanche dernier, il s’est produit comme un petit miracle. « Le gouvernement dit : « Les gens vont mal, dépriment… » Mais une journée comme celle-ci devrait être prise en charge par l’Assurance maladie ! Car le public est reparti en ayant gagné de l’énergie, du moral. On sentait leurs yeux briller de bonheur. Quelque chose s’est produit, c’était très émouvant, et cela a fait un bien fou. Qu’attend-t-on pour rouvrir les salles de cinéma ? »

Sylvie Moisy

#ouvrezlescinémas - le Manifeste des 20

Cette mobilisation de vingt salles a également pris la forme d’un manifeste réclamant la réouverture des cinémas, publié le 16 mars dernier dans le journal Libération dans une tribune intitulée : Le cinéma se mobilise pour l’ouverture des salles.

Plus de 2000 acteurs de la profession ont signé ce « manifeste des 20 » avant même sa mise en ligne. Parmi eux : Mathieu Amalric, Juliette Binoche, Corinne Masiero, Nicolas Maury et bien d’autres.

Signer la pétition : http://chng.it/bmzV6b5R

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