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© David Merle

Après avoir pris forme au sein de la grande halle, le petit voilier prend des couleurs, décoré de silures dessinés par David Bartex (responsable des décors de la Guinguette du Port). Si, avec ses 3,35m de long, ce modèle conçu par l’architecte naval Youri Guedj est un peu plus grand qu’un Optimist, il accueille également jusqu’à deux personnes à son bord. Surtout, il est construit dans le cadre d’un chantier participatif tel qu’en organise L’Odyssée depuis 2020.

Montée par l’équipe fondatrice des espaces culturels flottants La Guinguette Pirate et Le Petit Bain (amarrés au Port de la Gare dans le XIIIe arrondissement de Paris), L’Odyssée a à cœur de tisser un réseau éclectique pour valoriser l’usage des espaces publics navigables.
« Il y a un intérêt à retrouver un usage de plaisance sur la Seine, à amener les publics vers l’eau, surtout quand l’on sait qu’une bonne partie des enfants de 13-14 ans ne savent pas nager ! », fait remarquer Charles Herrou de l’atelier d’architectes Bleus Paillettes, partie prenante de l’aventure.

Ainsi, deux prototypes ont vu le jour l’année dernière, dont l’Alexandra I, exposé à la Guinguette et fabriqué à la Cité de refuge, Centre d’hébergement et de réinsertion sociale (CHRS) du XIIIe.
Livrés en kit prédécoupé, les bateaux sont montés en quatre semaines par des équipes de six à huit personnes. Cet été, L’Odyssée a piloté trois chantiers : l’un au CHRS d’Athis-Mons, l’autre dans le XIIIe avec des jeunes en insertion socio-professionnelle et, enfin, celui de la Guinguette.

Financé en grande partie par la Ville, le chantier naval d’Ivry souhaitait initialement impliquer les résidents du Chum (Centre d’hébergement d’urgence pour migrants) d’Ivry-Port, collaboration repoussée à l’année prochaine en raison de difficultés liées à la situation sanitaire.


Ô mon bateau…

Aujourd’hui, L’Odyssée est à la tête d’une flottille de cinq bateaux prêts à être mis à l’eau, le 18 septembre, au niveau du Petit Bain (7 Port de la gare, Paris XIIIe). Celui d’Ivry a finalement été construit par deux stagiaires de l’École nationale supérieure d’architecture, deux membres d’un « fablab » (laboratoire de fabrication ») et une « street artiste » ivryenne… initialement venue faire un graff dans la halle : « En passant, j’ai vu qu’ils construisaient un bateau et j’ai eu envie d’être bénévole car l’ambiance était très cool, sourit Sophie Mercadier, habitante du centre-ville, tout en peignant un silure orange sur la coque blanche. Ce qui est agréable, c’est que tout le monde s’interroge pour faire les choses, trouver des solutions. C’est vraiment une démarche participative. »
« Chaque chantier se déroule différemment selon le public : demandeurs d’asile, personnes en réinsertion, étudiants, voisins…, explique Charles Herrou. Mais le fait de construire un bateau ensemble crée des solidarités. »

Petits voiliers, grandes fraternités.

Daniel Paris-Clavel

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