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© Umberto Lopez

La Grande-Bretagne n’était pas prête. Au mitan des années 1990, la presse n’en avait que pour le duel Oasis / Blur et la vague de groupes épigones puisant dans l’héritage musical des glorieuses années 60 sous l’appellation « Britpop ». L’œil ainsi rivé sur un rétroviseur nostalgique en aurait presque raté les crépitements rythmiques de la jungle, genre électronique qui accélère à l’extrême le tempo du hip hop et du reggae. C’est en partie de cette scène que surgit du cœur de Londres Asian Dub Foundation en 1993.

Le groupe marie dans ses compositions guitares punk, basses vrombissantes, rap ultra rapide, influences caribéennes et musiques du sous-continent indien. Côté paroles, le collectif fustige le racisme subi par les générations d’immigrés indiens, pakistanais ou bangladais en Angleterre, la « Cool Britannia » du gouvernement Tony Blair, l’héritage colonial... En bref, Asian Dub Foundation a toute la pertinence du grand groupe britannique de son époque, comme le Clash en son temps. C’est pourtant la France qui lui réservera le meilleur accueil, malgré l’adoubement de compatriotes tels que David Bowie, Radiohead et Primal Scream. Le deuxième album ne sortira même initialement que dans notre contrée.

Anti-Brexit

Depuis, fort d’une douzaine de disques, le collectif londonien maintient un lien particulier avec la France. Il projette en concert les films La Haine de Mathieu Kassovitz (1995) et La Bataille d’Algerde Gillo Pontecorvo (1966). Le premier décrivant le malaise des banlieues, le second l’affrontement entre le FLN et le pouvoir colonial français.
Asian Dub Foundation refuse cependant la simpliste étiquette de « groupe politique ». Mais on trouve dans leur dernier album, Access Denied, le discours de Greta Thunberg aux Nations Unies sur le morceau Youthquake Pt.1. Pour Comin’Over Here , l’humoriste Stewart Lee rejoue le sketch où il pousse à l’absurde les discours d’extrême-droite pour accuser les Anglo-Saxons d’avoir pris le boulot des autochtones de la province romaine de Bretagne. Grâce à une opiniâtre campagne sur les réseaux sociaux, ce single est arrivé en tête des ventes le jour même de l’annonce du Brexit... Pas politique ?

Thomas Portier

Asian Dub Foundation le 22 octobre à 20h30 au Hangar : 3/5 rue Raspail. 01 72 04 64 25.

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