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Silhouette de géant et grande affabilité, Claude Lecolant aimait raconter, échanger. Questionnant le présent, il avait l'art d'évoquer le passé par une anecdote, un détail. Le 9 décembre 2021, cet observateur attentif de son temps est décédé à la veille de ses 92 ans, à l'hôpital du Kremlin-Bicêtre. En octobre dernier, il avait téléphoné à la rédaction du magazine Ivry ma ville pour nous conseiller de faire un article sur les déserts médicaux, tout en regrettant le manque d'écoute des médecins d'aujourd'hui. Né le 20 décembre 1929 à Ivry, ce père de trois enfants, qui avait été chauffeur à l'usine ivryenne Postillon, était très attaché à sa commune. Il avait grandi à Ivry-Port et vivait dans la cité Pierre Guignois proche du centre-ville depuis 1957. « Profondément marqué par la Seconde Guerre mondiale, il était un des derniers témoins des événements qui se sont déroulés à Ivry, rappelle Michèle Rault, conservatrice en chef du service Archives-patrimoine. On doit à sa ténacité la pose de la plaque à la mémoire des victimes des bombardements d’Ivry en 1943 et 1944 sur le mur extérieur du gymnase Lénine. »

La barricade de la place Gambetta

Avec d'autres témoins, dont la résistante ivryenne Renée Quatremaire, Claude Lecolant avait participé au film réalisé en 2004 par la documentariste ivryenne Anne Rizzo et produit par la Ville Mémoires de la Libération, Ivry, août 1944. Il avait notamment décrit comment la barricade de la place Gambetta avait été dressée le 22 août 1944. Il était aussi membre de l'association Les Amis de Charles de Gaulle. Son goût pour le récit, Claude le tenait certainement de son père Maurice Lecolant. Durant sa vie, ce dernier avait tenu un journal de bord où il mêlait les événements nationaux et familiaux. Le 11 novembre 2014, lors de la commémoration du centenaire de la Première Guerre mondiale, Claude avait lu un texte de son père décrivant l'armistice le 11 novembre 1918. À la fin de la conversation téléphonique que nous avions eue en octobre dernier, Claude m'avait parlé de son épouse Denise dont le récent décès l'avait rendu inconsolable. Je retranscris de mémoire ses paroles car c'était une conversation informelle et impromptue sans prise de notes. Mais le souvenir de cette dernière évocation, mêlée de joie et de chagrin, est resté en moi. « J'avais 18 ans quand j'ai rencontrée celle qui allait devenir mon épouse, avait-il raconté. Nous étions en vacances avec d'autres jeunes à la campagne. Elle était montée sur mon vélo car nous devions nous déplacer. Et de ce moment-là, jusqu'à sa disparition, j'ai été heureux avec elle et j'ai eu 18 ans. C'est maintenant que je me sens vieux. » Toutes nos pensées et nos condoléances vont aujourd'hui à la famille de Claude et Denise Lecolant.

Catherine Mercadier

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