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© Mairie d’Ivry-sur-Seine - David Merle

Lundi 7 mars, l’avocat franco-palestinien Salah Hamouri a été arrêté chez lui, à l’aube. Dans les jours qui ont suivi, il a été placé par les autorités israéliennes en détention administrative pour une durée de quatre mois, « sans charge ni jugement », alerte son comité de soutien, dont Ivry est ville hôte depuis 2017.

« Le 13 mars, nous avons appris que sa peine était allégée d’un mois, et donc ramenée à trois mois au lieu de quatre, témoigne Elsa Lefort-Hamouri, sa femme. Mais nous savons qu’elle peut être renouvelée à l’infini sur simple décision politique. Salah a été changé trois fois de lieu de détention en une semaine. Le Consulat de France n’a pas encore pu le visiter. C’est la sixième fois qu’il est emprisonné depuis l’âge de 16 ans. »
Salah Hamouri a notamment été condamné par Israël, de 2005 à 2011, à sept ans de prison pour tentative d’assassinat et appartenance à une organisation classée terroriste, comme beaucoup d'autres, par Israël. Des accusations qu’il a toujours niées.

Salah Hamouri, âgé de 36 ans, de père palestinien et de mère française, se bat pour pouvoir vivre librement à Jérusalem, sa ville natale, et en famille. Il est contraint de vivre séparé de sa femme, Elsa Lefort-Hamouri, française, et de leurs deux enfants, interdits de séjour en Israël et installés en France. La famille n’a pu se retrouver depuis dix mois. Le couple, marié en 2014, vit physiquement séparé depuis 2016.

Inquiets « de ce harcèlement injustifié », le maire Philippe Bouyssou et trois autres édiles ont aussitôt dénoncé cette nouvelle arrestation par un courrier cosigné à l’adresse d’Emmanuel Macron, lui réclamant une audience.

Ce défenseur des droits humains est sous le coup d’une procédure de révocation de sa carte de résident permanent de Jérusalem - ce qui le rend expulsable du territoire - par les autorités israéliennes. Son droit à assurance-maladie lui a été supprimé. L’ONG Addameer, qui défendait les prisonniers politiques palestiniens et pour laquelle Salah travaillait, a été classée « organisation terroriste », et donc fermée.

« Il y a un empêchement de travailler, de se déplacer, de se soigner… Cette batterie de sanctions, de pressions psychologiques relèvent du harcèlement ! indique Elsa Lefort-Hamouri. Sans sa carte de résident à Jérusalem, il ne pourrait plus y vivre mais pas non plus se rendre en Cisjordanie ou en Israël. Israël le considère comme une « menace pour la sécurité de l’État ». Salah aurait un défaut de loyauté, estiment-ils, au nom de la loi d’allégeance à Israël. Mais le droit international n’exige évidemment pas qu’un peuple occupé fasse allégeance à l’État qui l’occupe ! »

Après avoir saisi le président de la République française, Elsa Lefort-Hamouri a été reçue par la cellule diplomatique de l’Élysée le 15 mars, dans la matinée. « Il m’a été garanti que tous les échelons de la diplomatie étaient mobilisés (consulat, ambassade, Quai d’Orsay et Elysée) pour obtenir la libération de Salah, déclare-t-elle à la sortie de cet entretien. Néanmoins, ils n’ont toujours pas eu de réponse concernant la demande de visite consulaire, alors que mon mari est détenu depuis plus huit jours. Le Président israélien rencontrera Emmanuel Macron ce dimanche, à Paris. Nous espérons qu’il pourra lui en faire directement la demande à cette occasion. »

Sylvie Moisy

Comité de soutien à Salah Hamouri

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