Au commencement il y a un mur, dressé sur toute la longueur de la scène, face au spectateur. Peu à peu, le mur est démoli et ses briques servent à fabriquer les chaises, tables et autres éléments du décor. Et l’on découvre Yves, déguisé́ en burn-out, Katy déguisée en surendettement, Violette, déguisée en féminicide, Pandora en pestiférée et Hercule en laissé-pour-compte… Ils vont se livrer à une sacrée « bamboche », animée par Alan et Cassandra Bonheur accompagnés de leur orchestre.
Une tragédie du confinement
Pour sa 14e création, la compagnie du théâtre El Duende a choisi d’évoquer la souffrance des gens qui étaient derrière les murs lors des confinements. Son travail a été d’ailleurs lui aussi très impacté par la crise sanitaire : en octobre 2020, eux-mêmes confinés, c’est « en distanciel » que les comédiens travaillent à leur nouvelle création collective. « Le moral en berne, nos discussions peinaient à trouver l’élan nécessaire à l’étincelle artistique... quand un éclat de rire vint libérer nos esprits déprimés ! », raconte Andrea Castro, metteuse en scène. Et voilà qu’on cite la phrase qu’un préfet avait prononcé au journal télévisé pour expliquer le couvre-feu : « C’est fini la bamboche ! ».
Le thème de la prochaine pièce est donné : ce sera la fête ! La fête qui rassemble, qui crée du lien, qui défoule, qui permet même d’oublier ses malheurs. Pour l’écrire, les comédiens, qui créent leurs personnages en plateau, devaient absolument pouvoir travailler ensemble « en présentiel ». « On avait commencé au théâtre, mais jouer masqué ce n’était pas possible, alors on s’est tous testés et on est partis en résidence, au vert, à 500 km de là ! ». En résulte cette bamboche, qui interroge nos rapports au confinement et ses effets sur des personnes déjà fragilisées par une vie oppressante.
L’issue en sera terrible... mais chut ! Sachez juste qu’elle est... spectaculaire ! Et qu’à la fin... le mur sera reconstruit. Ce qui ne vous laissera pas sans questions : doit-on casser les murs ? Se contenter d’interroger sur ce qu’il y a derrière ? Ou... rien ?
Clara Delpas
La Bamboche ou la tragédie des oubliés, jusqu’au 17 avril (du jeudi au samedi à 20h30, le dimanche à 17h30) au théâtre El Duende : 23 rue Hoche. 01 46 71 52 29