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Loudblast sur scène. Il se murmure que le groupe pourrait jouer au Hangar des morceaux de Licensed to thrash. © Éric Lesur

Une voix gutturale d’abord, poussant des hurlements étouffés. Une note répétitive de basse ensuite, accordée deux tons en dessous pour en accentuer la lourdeur. Et puis… Un déluge de guitares saturées jouées à toute vitesse qu’un batteur décathlonien s’emploie à suivre à un rythme effréné. Les premières mesures de l’album Licensed to thrash, donnent le ton : c’est du metal extrême !

Quand il sort en 1987, c’est un petit événement pour la musique tricolore malgré un tirage limité : c’est en effet le premier du genre joué par deux groupes français, Agressor et Loudblast. « Un label de hardcore et de punk nous avait contacté pour faire un split album, c’est-à-dire un vinyl où deux groupes se partagent chacun une face, se remémore Alex Colin-Tocquaine, guitariste-chanteur d’Agressor. Et le second groupe, c’était Loudblast. On avait déjà rencontré ces gars qui jouaient la même musique que nous, ce qui était bizarre à l’époque (Rires).»
Plus rapide, plus fou !

C’est en écoutant les groupes britanniques et américains pionniers du trash metal que sont Venom (formé en 1979), Metallica et Slayer (formés en 1981) que nos Français ont eu envie de s’y mettre. « Nous avons été bercés par cette musique depuis notre plus jeune âge, explique Stéphane Buriez, guitariste-chanteur de Loudblast. Il n’y avait pas de concerts de ce style en France à l’époque mais vu qu’on habitait Lille, nous allions en voir en Belgique et en Allemagne. » « Il existait déjà une scène metal en France avec Trust par exemple. Mais nous, nous voulions faire quelque chose de plus rapide et de plus fou encore ! », sourit Alex Colin-Tocquaine.

Et voilà comment en cette année 1987, les deux jeunes groupes se retrouvent pour la première fois en studio.
« Je me souviens que l’ingénieur du son détestait notre musique, raconte Stéphane Buriez. On avait voulu refaire les parties de guitare parce qu’elles ne nous convenaient pas, mais ce gars avait finalement jeté les bandes une fois réenregistrées.»

Motörhead chez Mourousi

35 ans après, le chanteur de Loudblast garde un œil bienveillant sur cet album précurseur. « Nous étions novices donc il y a forcément quelques maladresses. Mais s’il fait toujours référence après toutes ces années, c’est qu’il ne doit pas être si mauvais que ça ! (Rires)» Quoi qu’on en pense aujourd’hui, Licensed to thrash a en tout cas permis aux deux groupes de commencer une carrière internationale qui dure toujours aujourd’hui.

Malgré le peu de place accordé au metal par les médias français. « Cette musique n’a jamais eu bonne presse en France sans que l’on sache pourquoi, se désole Alex Colin-Tocquaine. Quand on a commencé, il y avait des concerts de Kreator et de Destruction qui passaient sur la télé allemande. En France, à part un peu Canal + et Yves Mourousi qui avait invité Motörhead dans le 13h de TF1 en 1987*, il n’y a quasiment rien eu. »

La France peut pourtant s’enorgueillir d’accueillir sur son sol l’un des plus gros festivals du monde avec le Hellfest, qui attire chaque année des centaines de milliers de fans. Le groupe français Gojira, devenu référence internationale en matière de metal extrême, en a même été tête d’affiche l’an dernier. Si l’on fouillait dans les placards de ses membres, sûr qu’on y trouverait Licensed to thrash !

Philippe Gril

Loudblast + Agressor + Dick Tâteur (DJ), vendredi 17 février à 20h au Hangar, 3/5 rue Raspail. Tarif : 13,50 € / 11,50 €. Tel : 01 72 04 64 25. Réservations sur le site du Hangar

* Une séquence visible sur le net

En résidence artistique

Cours de musique extrême pour les élèves du Tremplin, master-classe batterie et guitare…Le Hangar travaille actuellement avec le chanteur-guitariste de Loudblast, Stéphane Buriez, pour mettre en place une résidence artistique dans les prochains mois. Une subvention pour cette résidence a été votée lors du conseil municipal de décembre dernier.

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