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« Je suis éboueur, ripeur derrière le camion. Chaque jour, je charge entre dix et quatorze tonnes de déchets ménagers, quelle que soit la météo. C’est un métier très dur. » Ce 17 mars, en début d’après-midi, Sébastien, agent de la Ville de Paris en grève depuis plus de dix jours, ne cache ni sa lassitude, ni sa colère. Il est venu rencontrer ses collègues chauffeurs de camions-poubelles au garage de la rue Victor Hugo à Ivry, non loin du pont qui enjambe les voies de chemin de fer.

« Pendant le Covid, nous avons continué à travailler, nous avons même été applaudis car nous sommes d’utilité publique mais maintenant, qui reconnaît la pénibilité de notre travail ? »regrette-t-il. Devant et derrière la grille de ce dépôt, d’autres éboueurs et chauffeurs sont présents et se disent exaspérés, d’autant que vers 8h30 du matin, ils ont subi une violente charge de gendarmes mobiles, avec envoi de gaz lacrymogènes. Des coups et blessures qui ont causé des Interruptions temporaires de travail (ITT) pour treize agents. (Lien sur le diaporama). Pourtant, le visage des grévistes s’éclaire quand les voitures qui passent dans la rue, les saluent d’un coup de klaxon et d’un geste amical de la main.

La retraite à 80 ans ?

Aux abords du site, autour d’un brasero, une bonne soixantaine d’agents territoriaux CGT, principalement de la Ville d’Ivry, mais aussi des étudiants et des retraités, sont là pour les encourager, parfois dès 5h du matin. Des élus d’Ivry, comme Romain Marchand ou Ouarda Kirouane, ou encore la députée Mathilde Panot se sont aussi ponctuellement rendus à ce piquet de grève pour soutenir les ouvriers mobilisés. « Beaucoup de jeunes sont opposés à la réforme des retraites, explique Noémy, 19 ans, étudiante en BTS Gestion des PME, et joueuse à l’USI Handball, rencontrée sur place. Si l’âge de la retraite est reculé à 64 ans aujourd’hui, quand allons-nous partir à la retraite quand ce sera notre tour, à 80 ans ? »

Vie réduite

À 500 mètres de là, toujours à Ivry-Port, l’incinérateur des déchets ménagers du Syctom, le plus grand d’Europe, est aussi à l’arrêt, tout comme le dépôt de camions-bennes de la Ville de Paris, tout proche, situé rue Bruneseau. C’est toute la chaine de collecte et de traitement des déchets ménagers qui est bloquée, à Ivry, tout comme dans les usines d’incinération d’Issy-les-Moulineaux et Saint-Ouen. « Jusqu’à maintenant, nous partions à la retraite à 57 ans et ce sera à 59 ans avec la réforme, conclut Christophe Farinet, secrétaire général CGT FTDNEEA (Filière traitement des déchets, nettoiement, eau, égouts, assainissement) qui participe au blocage de l’usine. Or l’espérance de vie des éboueurs est réduite de 12 ans, celle des égoutiers, qui respirent des gaz toxiques, est réduite de 17 ans ! »

Depuis le 18 mars, quelques rares camions-bennes de la Ville de Paris sont sortis des dépôts, après négociations avec les syndicats, ou bien réquisitionnés par la préfecture. En ce début de semaine, environ 10 000 tonnes de poubelles restaient non ramassées dans la capitale. Les deux grandes cheminées de l’incinérateur d’Ivry restent, elles, toujours à l’arrêt, sans panache de fumée.

Catherine Mercadier

Réforme des retraites : la mobilisation continue    
Venu soutenir les éboueurs et salariés de l’usine du Syctom en grève, le maire Philippe Bouyssou appelle à manifester ce jeudi 23 contre la réforme des retraites. Voir la vidéo sur sa page Facebook.

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