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« C’est écrit où que le foot ce n’est pas pour les filles ? Moi j’aime ça, alors je joue.» Amalia, élève de CM2 à Makarenko. © Mairie d'Ivry-sur-Seine -Michael Lumbroso

Elles n’ont jamais été aussi nombreuses à jouer au foot… Ce vendredi 26 mars, sur la pelouse du stade Clerville, toutes les filles de deux classes de CE2 et CM2 de l’école Makarenko tapent dans le ballon. Sur l’heure du cour de gym, elles participent cette fois à des ateliers organisés par l’USI Foot, qui veut encourager la pratique féminine. Ça s’encourage, ça crie, ça rigole et ça exulte quand ça gagne... Les plaisirs du foot, quoi, dont beaucoup d’entre elles se voient d’habitude privées. Cette fois, ce sont les garçons qui sont mis de côté, créant quelques jalousies. « Pourquoi elles ont le droit de jouer sur le gazon alors que nous d’habitude on joue sur du béton ? », demande ainsi un camarade de classe.

Les filles privilégiées ? Un inhabituel retournement de situation.« Dans la cour de récréation, le foot prend toute la place et la plupart des filles n’osent pas venir jouer, notamment parce que les garçons jouent trop physique », déplore Halima Hocine, professeur de CE2 à Makarenko. « Les garçons disent qu’on est nulles, que le foot ce n’est pas pour nous », déplore une élève de CM2. Une autre ajoute : « Parfois ils acceptent qu’on joue avec eux, mais s’ils perdent ils disent que c’est de notre faute.»

Les mentalités ont toutefois évolué ces dernières années. Grâce notamment aux performances des joueuses de l’Olympique lyonnais, huit fois championnes d’Europe entre  2011 et 2022, qui ont également permis à l’équipe de France féminine de progresser. La coupe du monde 2019 en France, pour une fois largement médiatisée, a aussi eu un effet accélérateur et décomplexant. « C’est écrit où que le foot ce n’est pas pour les filles ?, s’agace Amalia, élève de CM2. Moi j’aime ça, alors je joue. On est six copines à jouer dans la cour avec les garçons ! » Amalia, en plus d’être à l’aise balle au pied a de l’aplomb et du répondant. Mais les moins douées ou les plus timides, elles, restent encore loin du pré.

Oser

« Les filles appréhendent de jouer au foot car c’est dur pour elle de s’intégrer, constate Roseline Dubois, coach des moins de 15 ans féminines de l’USI. Avec ces ateliers d’initiation, nous souhaitons les décomplexer pour qu’elles puissent jouer au ballon dans la cour et s’intègrer avec les garçons. Cela nous permet également d’attirer de nouvelles joueuses dans nos équipes. » Car comme ils s’y étaient engagés auprès de la municipalité, les nouveaux dirigeants de l’USI Foot ont relancé des sections féminines l’an dernier. Cette année, il y en a quatre (une équipe U9, deux U13 et une U15) qui accueillent une cinquantaine de joueuses.

Après Solomon et Makarenko, le club veut poursuivre durant la saison prochaine ses ateliers dans les autres écoles d’Ivry, et travaille à la mise en place d’une cellule chargée d’actions éducatives sur la mixité et l’inclusion. En attendant, ces premiers ateliers semblent porter leurs fruits. À l’issue de celui de Makarenko, elles étaient quinze sur vingt-six joueuses à vouloir participer aux entraînements portes-ouvertes de l’USI Foot, en juin (voir encadré ci-contre). La mixité dans le foot ? Encore un effort, on touche au but !

Philippe Gril

Intéressées par le foot ?
Tous les mercredis de juin, les entraînements des équipes féminines de l’USI Foot sont ouverts à toutes, gratuitement. Rendez-vous au stade de Gournay :
Pour les U9 (moins de 9 ans) : de 14h à 15h15.
Pour les U11/U13 : de 14 à 15h30.
Pour les U15 : de 16h à 17h30.
Renseignements auprès de Roseline : 06 61 66 12 11.

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