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Caroline Bachmann devant ses portraits d’artistes contemporaines. © Mairie d'Ivry-sur-Seine -Michael Lumbroso

Dans le célèbre poème Le Lac de Lamartine, on peut lire le célébrissime vers « Ô temps ! suspends ton vol ». Devant les peintures de Caroline Bachmann exposées au Crédac sous le titre Le Matin, et dont une bonne partie figure des vues du lac Léman, c’est le spectateur qui est en suspens. Les toiles aux couleurs chaudes, qui présentent un cadre dans l’image resserrant le paysage, vibrent d’une étrange familiarité.

Pas sûr, en revanche, que l’artiste suisse goûte au symbolisme romantique de Lamartine.« Ma peinture, c’est la mise en forme d’instants vécus, la reconnaissance d’une sensation très forte, explique-t-elle simplement. Ce n’est pas une incarnation des sentiments : ce sont davantage des critères physiques qu’émotionnels qui me guident dans mon travail. Mon sujet, c’est la relation au monde, à l’esprit et au corps. »

Partitions

Dès lors, elle a choisi de reprendre les grandes thématiques classiques de la peinture européenne du XIXe siècle : des paysages, donc, mais aussi des natures mortes ou des portraits (en l’occurrence d’amies artistes). « Cela m’évite d’avoir à choisir un “sujet” », glisse-t-elle malicieusement. Quand elle reprend la peinture en 2013, Caroline Bachmann sature de « l’avant-garde ». Elle s’intéresse aux peintres figuratifs américains qui n’étaient pas influencés par l’impressionnisme, lequel a amené l’art vers l’abstraction. C’est la raison pour laquelle des toiles de Louis Eilsheimus (1864-1941) lui appartenant sont accrochées sur les murs du Crédac en dialogue avec ses propres œuvres.

Pour cette première exposition personnelle en France, Caroline Bachmann dévoile aussi sa méthode de travail. Une vitrine regroupe ses dessins préparatoires annotés. Elle saisit ces croquis depuis une fenêtre donnant sur le lac Léman, souvent à l’aube. Sur la base de ces « partitions », elle peint, cette fois dans son atelier, lequel ne donne pas sur le paysage. « C’est l’observation qui alimente ma mémoire et non la réalité », explique-t-elle. Comme revoir un matin.

Thomas Portier

Le Matin, jusqu’au 17 décembre au Crédac : Manufacture des Œillets, 1 place Pierre Gosnat. 01 49 60 25 06. credac.fr

Au Crédakino, Le bureau des publics s’expose !  : trois films retracent le travail mené avec des résidents de l’Ehpad de L’Orangerie, des usagers de la Maison municipale de quartier du Plateau-Monmousseau et des lycéens.

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