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Dans la carrière de Châteaubriant, en Loire-Atlantique, ce 22 octobre 2023, les mots des fusillés résonnent. © Mairie d'Ivry-sur-Seine - Catherine Mercadier

« Ma petite chérie, Quand cette lettre te parviendra, je ne serai plus de ce monde. Je voudrais, avant de mourir, te dire encore une fois combien je t’ai aimée, combien je t’aime encore. […] Je meurs pour mon idéal ; mes petits, eux, le verront. » Dans la carrière des fusillés de Châteaubriant, en Loire-Atlantique, ce 22 octobre 2023, les derniers mots des fusillés résonnent dans les haut-parleurs, tels ceux d’Henri Pourchasse. Poignant écho du passé.

Le 22 octobre 1941, 27 hommes dont Guy Môquet étaient exécutés par les Allemands en représailles d’un attentat commis deux jours plus tôt à Nantes contre un dignitaire nazi. Déjà engagés dans la Résistance, ces otages, qui étaient détenus dans un camp voisin, sont tous des militants communistes ou des responsables syndicaux CGT, tels les deux Ivryens : Jean Poulmarch’ pour la Fédération des produits chimiques et Henri Pourchasse pour la Fédération des cheminots.

Libres et en paix

Plus de 2 500 personnes écoutent, recueillis, émus, l’hommage rendu 82 ans plus tard. Des responsables politiques comme Fabien Roussel, le secrétaire national du Parti communiste français, mais aussi des jeunes, des enseignants, des militants de longue date sont présents. Parmi eux, de nombreux Val-de-Marnais et une bonne vingtaine d’Ivryens. Comme à l’accoutumée, la municipalité a mis un autocar à leur disposition pour faire l’aller-retour dans la journée. Un voyage mémoriel organisé par la CGT 94 et les Amis de la fondation pour la mémoire de la déportation (AFMD).

« Nous nous devons d’honorer la mémoire de ces hommes à qui nous devons d’être libres et d’être en paix aujourd’hui, affirme Janine Hébrard, responsable de la AFMD et fille de déportée. La transmission de la mémoire de la guerre et de la déportation est primordiale. » Une transmission d’autant plus importante à l’heure où les témoins ne sont plus là pour rappeler les faits et que les tensions nationales et internationales sont aigües.

« Je ne suis pas communiste mais je rends hommage tous les ans aux fusillés de Châteaubriant, explique Michel Lesens, président de l’Ulac, Union locale des anciens combattants. Ce drame est emblématique de la collaboration du régime de Vichy avec les nazis, ainsi que du combat de Vichy contre les communistes et les syndicalistes. » Parmi le groupe des Ivryens, Tristan, un collégien (dont la grand-mère est ivryenne), a participé à la commémoration : « C’était très émouvant d’entendre les lettres des fusillés avant de mourir. Ils ont été courageux. Il ne faut pas les oublier. »

Catherine Mercadier

Les Amis de la fondation pour la mémoire de la déportation (AFMD). Contact : Janine Hébrard au 06 16 59 61 49.

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