« C'était le 6 juin 1944, voilà soixante dix ans. J'avais 12 ans, j'étais élève à l'Ecole Henri Barbusse.
La récrée du matin était terminée, nous remontions par l'escalier sud, vers notre classe au premier étage.
Nous ne remontions pas en désordre, mais en deux files, de chaque coté de cet escalier.
Un soleil de printemps nous éclairait par les grandes baies vitrées.
C'est à ce moment qu'une rumeur remonta les files... d'où venait-elle... je n'en sais rien, mais probablement de l'un de nos enseignants.
A voix basse, la nouvelle passa, " Ils ont débarqués...."
Ce fut une joie intérieure, et comme un soulagement, toutefois tempérés par l'incertitude de la réussite de cette extraordinaire bataille, qui se livrait sur la côte normande, à deux cents kilomètres de notre école.
A la sortie de midi, chacun courut retrouver ses parents pour connaître la suite...
Les nouvelles étaient contradictoires, Radio Paris, sous coupe allemande, annonçait le rejet à la mer des anglo-américains, Radio Londres, écoutée secrètement, ne criait pas victoire.
L'attente fut angoissante, mais heure après heure, jour après jour, nuit après nuit, à l'écoute des informations, essayant de démêler le vrai du faux, nous comprenions que le succès du débarquement se confirmait.
Mais il nous fallut bien trois semaines pour être complétement rassuré. »

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