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Les Paillettes lisent les histoires qu’elles auraient voulu entendre enfant et qui leur auraient fait du bien. © Julie Subiry

« Nous allons vous raconter de belles histoires extraordinairement banales. Mais la question que vous vous posez, c’est si on est des filles ou des garçons ? La réponse est : oui ! Ça, c’est réglé. Allez, on attache sa ceinture de sécurité, c’est parti ! » Le 9 avril dernier, à la Médiathèque du Plateau-Monmousseau, petits et grands sont venus assister à une lecture de contes décapante par le collectif de drag-queens Les Paillettes. Ce jour-là, elles sont venues à deux : La Déliche et Tata Foxie. Elles ont la quarantaine. Elles sont extravagamment belles avec leurs maquillages, leurs paillettes, leurs perruques, leurs souliers dorés hauts de 15 cm et leurs tenues féminines tout aussi hautes en couleurs. Elles sont surtout formidablement farfelues, talentueuses, sensibles, drôles et bienveillantes, avec « les talons aiguisés et le verbe acéré ». 

« Notre collectif s’est constitué juste après la Manif pour tous en 2014, car nous en avions gros sur la patate, explique La Déliche. Ils essayaient de nous effacer, et c’était très facile de nous remettre dans le placard. Nous étions une bande d’amis. On s’est dit, on va monter sur scène pour défendre la culture LGBT et faire découvrir des textes queer ou revisiter des textes qui ne le sont pas à notre sauce. » 

Tout a commencé en 2014 au Point éphémère, à Paris, par un cabaret-littéraire de drag queens pour adultes. Jusqu’à ce qu’en 2017, le festival Loud & Proud (festival des cultures queer), hébergé à la Gaîté Lyrique à Paris, les invite à conter aux familles. « Depuis, avec nos Contes à paillettes, nous sommes restés résidents à La Gaîté Lyrique qui veut faire vivre son secteur jeunesse en défendant l’ouverture, l’inclusion, la diversité, » témoigne Tata Foxie.

Un souffle de liberté
 

Mais comment devient-on une drag-queen ? Pour La Déliche, ce fut la découverte il y a une vingtaine d’années aux Universités d'été euro-méditerranéennes des homosexualités à Marseille, d’une « fringothèque » : « C’était comme une bibliothèque mais de fringues. C’était la première fois que j’expérimentais la liberté de m’habiller comme je voulais. Et j’ai vu l’impact que cela avait ! Quand je suis en garçon, avec mon 1,94 m, je fais peur. Quand je suis en jupe et en talon, plus rien ! Il y a même une relation de fascination dans cette transgression. » Tata Foxie, elle, a découvert le travestissement lorsqu’en 2017, Les Paillettes l’ont contactée pour conter : « Mon premier make-up n’était pas très réussi ! [rires] Les drag-queens, c’est l’art du travestissement. Se traveloter fait du bien. Cela me permet de sortir du rôle qu’on attend d’un homme dans l’espace public, de contacter une part de moi : la folitude, la démesure, la voix de fausset, la mauvaise blague, l’accès à ma propre féminité... Nous les drags, nous n’essayons pas de devenir femmes. Nous devenons des créatures magiciennes, sorcières et clownesques, ce qui nous donne une merveilleuse liberté et amplitude de jeu. »

Les Paillettes lisent les histoires qu’elles auraient voulu entendre enfant et qui leur auraient fait du bien. Il y a eu l’histoire de sa majesté le tout puissant taureau qui veut marier son fils qui, lui, va préférer un bélier à toutes les vaches du royaume. Il y a eu Magali au pays des crottes de nez, passionnée de coiffure qui, partie à un concours, va rencontrer en chemin Mireille et renoncer à concourir au nom de l’amour. Il y a eu la Vieille qui en a ras le bol de trimer pour ce Vieux assis dans son fauteuil et qui taillera la route vers la sororité… 

« Peu importe l’identité, le genre, ses origines, à quoi on ressemble, qui on est, qui on aime, clament-elles. Épanouissez-vous ! Assumez qui vous êtes ! Nous avons toutes et tous le droit à un destin heureux. »

Sylvie Moisy


Site internet des Paillettes


Dans le cadre de la Journée internationale contre l’homophobie, la transphobie et la biphobie, le 17 mai, à 17h, à la Médiathèque du centre-ville (152 avenue Danielle Casanova) : lecture d’albums par Les Paillettes (tout public à partir de 5 ans). Sur réservation : sur place ou sur mediatheque.ivry94.fr

Retrouvez ici le programme complet des initiatives d’Ivry à l’occasion de cette journée. 

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