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© Mairie d'Ivry-sur-Seine - David Merle

Interview de Clément Pecqueux, adjoint au maire en charge de l’écologie urbaine et la coordination de l’intercommunalité, conseiller territorial.
 

Ivry ma ville hebdo : Quel est l’objet de la convention de gestion provisoire avec le Sedif (Syndicat des eaux d’Île-de-France) votée par le conseil de Territoire le 13 avril ?

Clément Pecqueux :  Cette convention a pour objet de permettre une délégation de gestion et de distribution au Sedif (Syndicat des eaux d’Île-de-France) jusqu’au 30 septembre. Un temps supplémentaire pour que les neuf Villes - dont Ivry - qui ont décidé de ne pas réadhérer au Sedif à titre provisoire pour le moment, puissent continuer à travailler à une alternative pour reprendre le service de distribution et de gestion dans le giron public.

La convention est passée entre le Territoire Grand-Orly Seine Bièvre (GOSB) - l’autorité organisatrice compétente sur la question de l’eau et à laquelle les villes ont délégué leurs compétences - et le Sedif pour la gestion et la distribution de l’eau potable dans notre territoire.

Après avoir été d’abord refusée, cette prolongation demandée par les neuf Villes concernées va nous donner à toutes le temps de consulter, comme il avait été convenu dès le départ, nos populations sur cette question.
 

Ivry ma ville hebdo : Cette demande de prolongation avait déjà été exprimée en novembre, mais refusée. Pourquoi le Sedif a-t-il changé d’avis ?

Clément Pecqueux :  Les neuf villes font cette démarche en bonne intelligence et sur la base d’une forte aspiration politique et populaire. Pour l’heure, en termes de volonté politique, les neuf Villes font bloc pour le passage en régie publique. C’est je crois la raison pour laquelle le Sedif fait des efforts sur le plan politique. Mais il se rattrapera probablement sur le plan juridique et institutionnel. La bataille qui va s’enclencher sur la propriété des réseaux, sur les investissements etc. va être importante et sera plus dure.
 

Ivry ma ville hebdo : Comment vont être consultés les Ivryens ?

Clément Pecqueux : La consultation citoyenne va se mettre en place à l’échelle des neuf Villes avant le 30 septembre, puisque nous devrons donner la position finale des villes sur cette question et la sortie définitive du Sedif ou pas à cette date.
La forme que prendra cette consultation sur les neuf villes n’est pas encore déterminée. Référendum ? Votation citoyenne ? Les choses seront fixées d’ici septembre.

Une chose est sûre :dans le cadre de l’Assemblée citoyenne en lien avec la « conférence climat » que nous sommes en train d’organiser à Ivry, ce débat sera porté avant la consultation de cet automne. Il sera même très intense pendant l’été. Nous avons à cœur de mettre tout sur la table : parler de l’eau potable et de sa gestion, mais plus largement des ressources.
 

Ivry ma ville hebdo : Quel est le rôle de la structure que les neuf Villes sont en train de créer?

Clément Pecqueux : Cette structure provisoire prendra probablement à terme les contours d’une régie publique. Ceci permettrait de pouvoir avoir plus de souplesse sur la gouvernance pour la gestion de l’eau et permettre notamment de rendre les usagers parties prenantes. C’est l’un des enjeux forts qui est porté par les neuf villes.

Un budget annexe a été voté au sein du GOSB afin de mettre à disposition des moyens d’ingénierie pour la formation de cette structure. Tout est en travail. Cela fait partie de la discussion qu’il faudra avoir avec la population sur la place des usagers.

Cette structure prendra le relais du Sedif sur la gestion et la distribution de l’eau et la maîtrise d’ouvrage sur l’entretien du réseau. Elle passera un contrat avec des distributeurs d’eau potable en 2023, puisque nous sommes tenus de nous fournir auprès de Veolia jusqu’à cette échéance. Il faudra alors s’interroger sur les sources d’approvisionnement de notre eau. Aujourd’hui, nous travaillons à voir s’il existe des alternatives à Veolia et l’usine de Choisy-le-Roi. Ensuite, nous aurons un travail important à faire sur la gestion des réseaux avec l’établissement d’un plan pluriannuel d’investissements sur l’entretien.

La structure sera opérationnelle si les neuf villes entérinent le fait qu’elles sortent du Sedif. Si tel est bien le cas, à partir du 1er octobre, les usagers recevront des factures du nom de la structure, et non plus du Sedif.
 

Ivry ma ville hebdo : D’autres communes peuvent-elles rejoindre les neuf Villes d’ici cet automne ?

Clément Pecqueux :  Je ne crois pas qu’il y ait beaucoup de Villes en capacité de pouvoir monter dans le train avant cet automne. En revanche, ce qui est en train d’être fait là démontre que cela est possible. Villejuif par exemple qui avait re-signé la convention de gestion avec le Sedif en 2017 sous une précédente majorité. Elle n’en était pas sortie de manière provisoire comme nous. Aujourd’hui, elle se pose la question de savoir comment trouver les moyens de revenir sur cette convention. Il y a aussi une forte pression populaire à Choisy-le-Roi - qui est le bassin d’approvisionnement pour nos villes - avec une aspiration citoyenne et un combat politique à la clé.

Dans les années à venir, il y a aura clairement des aspirations d’autres Villes à sortir du Sedif. Car nous aurons fait la démonstration que cela est possible. Que la gestion est meilleure, que c’est moins cher pour les usagers à terme et que le patrimoine est mieux entretenu.
 

Propos recueillis par Sylvie Moisy.

* Arcueil, Cachan, Chevilly-Larue, Fresnes, Gentilly, Ivry-sur-Seine, Le Kremlin-Bicêtre, Orly et Vitry-sur-Seine.

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