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Après Paris, Nice, ou encore Grigny, c'est au tour d'Ivry de s’engager dans la création d’une régie publique pour la distribution de l’eau. Un projet partagé avec huit autres communes. Ici la proclamation des résultats, le 23 septembre 2021 à Gentilly. © Mairie d’Ivry-sur-Seine - David Merle

« Maintenant, tout commence ! » Telle était la phrase que plusieurs élus répétaient avec le sourire lors de la proclamation des résultats de la votation citoyenne le 23 septembre à Gentilly. Les habitants de neuf villes du Territoire Grand Orly Seine Bièvre - Arcueil, Cachan, Chevilly-Larue, Fresnes, Gentilly, Ivry, Kremlin-Bicêtre, Orly et Vitry - étaient invités à se prononcer sur la création commune d’une régie publique de l’eau potable. La votation s’est déroulée durant trois semaines, ponctuées de rencontres et débats. Jusqu’au 19 septembre, il était possible de voter par voie électronique, bulletin dans l’urne ou carte T envoyée par La Poste.

Au total, 15 080 personnes se sont mobilisées avec 14 159 voix pour, 884 voix contre et 37 bulletins nuls. À Ivry, 2184 personnes ont participé : 2007 ont voté pour, 164 ont voté non et 13 nuls.
« C’est une victoire et un beau moment de démocratie en cette période marquée par l'abstentionnisme, a affirmé le maire Philippe Bouyssou. L’eau est un bien commun de l’humanité qui mérite de ne pas être soumis aux règles du secteur marchand. Nous avions besoin de partager notre conviction avec la population. Le dialogue a été passionnant. Nous avons désormais une légitimé supplémentaire pour poursuivre notre action. »

Pour rappel, la volonté de « municipaliser » la distribution de l’eau est formulée par Ivry et ses voisins depuis plusieurs années. En janvier 2021, les neufs collectivités ont décidé de ne pas réadhérer au Syndicat des eaux d’Ile-de-France (Sedif), un mastodonte qui gère l’eau potable de 151 communes franciliennes. La majorité d’entre elles a fait le choix de sous-traiter l’eau à l’entreprise privée Veolia dans le cadre d’une délégation de service public. Or, il est reproché à la multinationale, comme au Sedif, une certaine opacité empêchant les élus de s’impliquer dans la gestion de l’eau. En 2017, dans le cadre d’un audit, la Chambre régionale des comptes avait dénoncé le manque de clarté concernant des installations et une explosion de la rémunération versée à Veolia, allant bien au-delà de ce qui était inscrit dans le contrat.

Cruciales négociations

Au lendemain de cette votation citoyenne, la régie directe se met en place avec une première étape cruciale : les négociations avec le Sedif sur la répartition des réseaux. « Pour nous, les infrastructures ont été en grande partie payées par les usagers via leurs factures, elles sont donc propriété des collectivités », précise Clément Pecqueux, adjoint au maire en charge de l'écologie urbaine.

En 2022, la structure administrative de la régie publique sera lancée pour être pleinement efficiente le 1er janvier 2024. Jusqu'à cette date, les foyers continueront d’être alimentés en eau par Véolia via l’usine de Choisy.
« Notre objectif est d'avoir un mode de gestion de l'eau solidaire, sans hausse de prix et avec une tarification sociale, conclut Clément Pecqueux. Sur le plan écologique, nous allons commencer par rénover les réseaux car 30% d'entre eux fuient. Or cette eau s'échappe dans les sous-sols et est facturée aux habitants ! » Pour beaucoup, une régie publique de l'eau, ça coule de source !

Catherine Mercadier

2024 : naissance de la régie
À compter du 1er janvier 2024, la régie publique de distribution de l'eau sera opérationnelle. Les neuf villes qui en font partie ne seront plus liées à Veolia et pourront choisir librement leur fournisseur d'eau. Des pourparlers avec Eau de Paris sont déjà en cours. La capitale a elle aussi remunicipalisé sa distribution de l'eau et dispose également d'usines de production.

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