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Des regards, des visages, des corps, des bas-reliefs se succèdent dans les travées, tels des fantômes surgis du passé auxquels il ne manquerait que la parole. © Mairie d’Ivry-sur-Seine - Alex Bonnemaison

Imaginez une forêt humaine de milliers de grandes sculptures en plâtre, rassemblées dans un même espace sur 2000 m2. Pénétrer dans ce lieu unique, à l’abri des regards, quelque part dans Ivry, relève d’un privilège. Nous sommes dans la réserve du service de la Conservation des œuvres d'art religieuses* et civiles (Coarc) de la Ville de Paris. Ici, depuis 1975 se trouve un incroyable dépôt, dans lequel peu peuvent entrer. C’est à l’occasion de l’accueil d’un tableau ivryen pour restauration dans l’atelier de la Coarc, faire lien vers actu sur restauration toile adjacent à sa réserve, que nous avons pu découvrir cet incroyable site le 15 mars dernier.

Danton et Pasteur y côtoient de nombreuses allégories de la République, mais aussi le pape, des travailleurs, un couple assis sur un banc, des rois, des dieux grecs, des mères à l’enfant, des sculptures animalières... Et même le buste de Dalida !

Visite privée

Au total, quelque 5000 œuvres, pour la plupart du XIXe siècle, sont là, inventoriées, stockées et protégées. On y recense des tableaux grands formats, des bronzes, des vitraux, et surtout ces plus de 2000 sculptures en plâtre, modèles ou originaux. « Elles ont été achetées par la Ville de Paris, pour beaucoup, à partir de 1870 au cours de salons où les artistes montraient leurs modèles de sculpture en plâtre avant de les créer en bronze, marbre, pierre… explique Louise Delbarre, conservatrice du patrimoine à la Coarc. Elles sont très imprégnées des valeurs de la IIIe République (1870-1940). »

Fin XIXe, la sculpture est partout dans Paris, dans les musées mais aussi sur les façades, dans les parcs, dans les rues, sur les places, comme celle de la République ou de la Nation.... La plupart de ces maquettes ont été exécutées dans l’espace public sur commande de la Ville. Leur conservation a permis de reproduire certains bronzes fondus pendant la Seconde Guerre mondiale. Elles constituent également une aide précieuse pour restaurer des originaux endommagés.

Si cette réserve est fermée au public, sachez toutefois que certaines de ses œuvres sont exposées dans la nouvelle galerie des sculptures du Petit-Palais.

Sylvie Moisy

* Depuis la loi de séparation des églises et de l’État en 1905, les communes sont propriétaires des bâtiments et œuvres cultuels antérieurs à cette date.

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