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© Mairie d'Ivry-sur-Seine - Philippe Gril

L’US Ivry handball ne sera pas sacrée championne de France de Proligue, la deuxième division. Elle a terminé à la première place du championnat à l’issue de la saison régulière en survolant le championnat, mais elle a été battue par Sélestat en demi-finale du final four, samedi 4 juin. Pour l’occasion le club nous a ouvert ses portes et nous avons pu suivre les joueurs et le staff. 

Vendredi 3 juin, 15h

Enfin ! Après deux semaines sans jouer depuis le dernier match de la saison régulière, les joueurs de l’US Ivry se retrouvent au siège du club pour rejoindre Dijon et les finales de Proligue. La pluie qui tombe n’altère pas la bonne humeur. Le timing étant serré, les joueurs montent rapidement à bord des quatre minibus siglés US Ivry handball. Ils se regroupent par affinité, et souvent par génération. On a une pensée pour le pivot Robin Dourte et ses 2,08 mètres, quelque peu à l’étroit. L’USI a beau être un club professionnel, les minibus sont conduits par des membres du staff, comme tout club amateur. Ce sont donc les coachs Sébastien Quintallet et Emmanuel Dott, le préparateur physique Thomas Rouvet et l’ancien gardien et ex-président du club Marc-Olivier Albertini qui tiennent le volant pour les 3h15 de route jusque Dijon.

Vendredi 3 juin, 18h15

Il fait grand beau quand le convoi ivryen arrive dans la capitale bourguignonne. L’équipe loge dans un hôtel de moyenne gamme près de la gare, payé par la Ligue nationale de handball, organisatrice de l’événement. Les Ivryens y retrouvent les joueurs de la JS Cherbourg, possibles adversaires en finale, le dimanche, s’ils remportent leurs demi-finales respectives le lendemain, contre Sélestat et Pontault-Combault. À peine arrivés, les coachs, le directeur sportif Pascal Léandri et le capitaine Maté Sunjic partent en direction de l’hôtel de ville où se tient la conférence de presse organisée par la Ligue nationale de handball. Pas la partie préférée de son job, confesse Pascal Léandri. Les joueurs eux, restent tranquillement à l’hôtel quand d’autres font quelques pas aux alentours. C’est ainsi que l’on croise près de la cathédrale les jeunes du centre de formation, Auguste Longérinas, Tom Delrive et Imanol Carrère. Pour y brûler un cierge en vue de la demi-finale de demain ? C’est plutôt l’odeur alléchante de la pizzeria voisine qui semble les attirer.

Vendredi 3 juin, 19h30

Il est là, à portée de main. Le trophée de champion de France de Proligue trône en bonne place sur l’estrade où les capitaines des quatre équipes en lice répondent aux questions des journalistes. Comme un présage que l’on ne remarque pas alors, c’est le capitaine de Sélestat, Thomas Capella, qui en est le plus proche. Son entraîneur, Christophe Viennet, prévient : « On vient avec de l’appétit et sans complexe. Ivry est supérieure à nous, mais sur un match on espère créer l’exploit. »

Samedi 4 juin, 10 heures

Ça y est, c’est le jour J ! Les joueurs se retrouvent à l’accueil de l’hôtel. Les blagues fusent déjà. À son arrivée, Virgile Carrière, qui fête alors son 26e anniversaire, a droit à une gentille bousculade de la part de ses coéquipiers. L’ailier, qui jouait jusqu’à cette saison à Dijon, a servi de guide en ville à une petite troupe de Rouge et Noir, la veille après le dîner. Robin Dourte, lui, a préféré passer la soirée tranquillement à l’hôtel, comme la majorité des joueurs. Le pivot s’est tout de même offert un petit plaisir : quelques brasses dans la piscine de l’hôtel. Léo Martinez nous dit avoir bien dormi. « Je dors toujours bien les veilles de match. Il n’y a pas de stress, juste de l’excitation. »

Puis vient l’heure du « réveil articulaire ». Direction le parc voisin pour quelques exercices. L’arrière Axel Cochery en profite pour faire le pitre sur une structure de parcours sportifs. Réunis en cercle, les joueurs s’étirent quelques minutes sous le regard du staff, mais aussi d’une septuagénaire dijonnaise qui n’en rate pas une miette. Puis la joyeuse troupe s’ébroue,  pour une balade en centre-ville. Plusieurs Dijonnais se retournent sur leur passage, se demandant qui sont ces grands gaillards en rouge et noir.

Samedi 4 juin, 11h30

Escalope de poulet, poisson blanc, pâtes, crudités et tartelette aux pommes. Le repas se déroule dans le calme. Sébastien Quintallet et Pascal Léandri arrivent en retard, à cause de la réunion technique d’avant-match avec la LNH qui a trop duré, notamment en raison d’un problème de couleur des maillots de gardien. Le président du club, François Lequeux, arrivé en train dans la matinée, est là lui aussi, attablé avec le staff. Quand ils évoquent le planning à venir, tous évitent soigneusement de prononcer le mot "défaite", tels les personnages de la saga Harry Potter avec « celui dont on ne prononce pas le nom ».
Le repas avalé, place au briefing d’avant-match. Particularité du club, des joueurs accompagnent le coach dans l’exercice. Ce jour-là, ce sont d’abord les pivots Robin Dourte et Simon Ooms, puis les demi-centres Léo Martinez et Aymeric Zaepfel, qui rappellent les consignes tactiques, les habitudes et les forces de l’adversaire, ainsi que ses schémas préférentiels. Enfin, le capitaine Maté Sunjic conclut la réunion en motivant les troupes.

Samedi 4 juin, 13h30

Dans moins de deux heures, ce sera le coup d’envoi de la demi-finale. Au moment de quitter l’hôtel, Marc-Olivier Albertini se moque des superstitieux, nombreux dans le staff : « Bon alors, comment on fait pour sortir, c’est d’abord le pied droit ou le pied gauche ? » François Lequeux, lui, ne plaisante pas avec ça : il sortira le dernier, comme à chaque fois. Les 30° C qui assomment Dijon annoncent une ambiance tropicale dans le Palais des sports. « J’adorais jouer par ces chaleurs », déclare Pascal Léandri. « Au moins, t’as pas besoin de t’échauffer », plaisante Marc-Olivier Albertini.
Chez les joueurs, la décontraction a laissé place à la concentration. Les visages se ferment. Antonin Mohamed, écouteurs sur les oreilles, gardent les yeux fermés et s’évade dans la musique.

Samedi 4 juin, 16h30

Voilà, c’est fini. Ivry ne sera pas championne de Proligue. Battue en demi-finale par la fougue de Sélestat, qui a su déjouer les pronostics pour s’imposer 33-28. Un manque d’intensité en début de match, un gardien adverse en feu (18 arrêts, à 40% !), plusieurs tirs sur le poteau quand leur adversaire voyait ses tirs contrés finir malgré tout dans les filets de Maté Sunjic… L’USI a manqué de rythme et de chance. Les joueurs rentrent vite aux vestiaires, tête basse. En conférence de presse d’après-match, Sébastien Quintallet est questionné plusieurs fois  par les journalistes sur cette étrange formule de Final four. « Est-ce que normalement le champion, c’est celui qui finit le championnat  à la première place ? Ce n’est pas très utile de philosopher là-dessus. J’ai mon idée sur cette question et mes joueurs aussi. Mais aujourd’hui on était engagé dans ce final four, et en tant que leader du championnat on aurait dû être capable de sortir un très gros match comme Sélestat pour se qualifier en finale, ce qu’on n’a pas réussi à faire. Cela fait quelques semaines que nous savons que nous sommes promus en 1ère division. Nous avons essayé de maintenir le niveau d’exigence. On savait qu’il ne nous suffirait pas d’appuyer sur l’interrupteur pour retrouver notre meilleur niveau durant ce week-end. On est resté une équipe sérieuse, mais il nous a manqué ce petit quelque chose en plus. »

Après le match, certains joueurs retrouvent leur famille, venu les encourager à Dijon. À l’écart, Robin Dourte lâche un « ça fait chier », qui résume l’état d’esprit des troupes. L’arrière Wael Chatti reste seul, dans les tribunes, regard dans le vide alors que se prépare l’autre demi-finale entre Cherbourg et Pontault-Combault. Virgile Carrière a retrouvé sa compagne, joueuse de la JDA Dijon, le club local qui évolue en 1ère division féminine.

Le soir, au dîner, le staff ressasse la défaite, qui clôture si mal une si belle saison. L’ambiance du repas ? Calme, très calme. Vers 20h, tout le monde retrouve sa place dans les minibus. Trente minutes plus tard, la pluie refait son apparition. À leur arrivée sur Ivry, les joueurs regagnent leur domicile. Axel Cochery, blessé pendant le match boîte bas et a le plus grand mal à marcher. Maudit final four !

Épilogue

On ne sait pas si  le lendemain, les Rouge et noir ont suivi la finale, remportée (36-30) par Sélestat contre Cherbourg. L’équipe alsacienne, classée 5e de la saison régulière est donc championne de France de Proligue et promue en première division, au détriment de Cherbourg, pourtant arrivée deuxième de la saison régulière. Désolé, Sébastien Quintallet, mais on a quand même très envie de philosopher sur cette formule.

Philippe Gril

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