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Ivry ma ville hebdo : Quel est le sens du 8 mars chaque année ?

Nathalie Leruch : J’ai toujours trouvé que revendiquer les droits des femmes une journée par an, c’était vraiment trop peu. Mais plus cela va, plus ces droits sont célébrés tout au long de l’année. Donc cette date aujourd’hui, plutôt que d’être un alibi - ce qu’elle a été pendant longtemps est devenue un point d’orgue. Elle est symboliquement plus forte qu’elle n’a jamais été.

Grâce aux luttes des mouvements féministes qui ne se sont jamais éteints et se sont beaucoup réveillés ces dix dernières années sous d’autres formes, il y a une prise de conscience d’inégalités, d’injustices jusqu’à maintenant cachées sous le tapis. À partir du moment où on s’est mis à compter les féminicides, par exemple, tout à coup on s’est rendu compte à quel point c’était monstrueux ! Sur la question des abus sexuels aussi, l’ampleur démesurée du phénomène s’est révélée à beaucoup grâce au comptage. La prise de conscience, les luttes, le mouvement #MeToo… Tout cela a fait émerger de façon objective des pans entiers de droits bafoués qu’on ne soupçonnait pas.

Ivry ma ville hebdo : Pourquoi avoir choisi d’exposer dans Ivry une campagne visuelle sur les Iraniennes et les Iraniens qui luttent pour leur liberté ?

Nathalie Leruch : Cette année, les Iraniennes nous ont vraiment donné une grande leçon de courage ! Donc je trouvais intéressant de leur rendre hommage tout en mêlant à leur combat l’universalité du combat des femmes dans le monde. Cette affiche est très mélangée : on a un texte en farsi* et en français. C’est l’histoire d’un combat commun.

Le mouvement des femmes iraniennes est quelque chose d’extrêmement important, fort, mobilisateur pour toutes les femmes du monde. Quand on voit les risques qu’elles prennent pour défendre leur liberté, on ne peut que s’incliner, les respecter et saluer leur courage. Elles le paient souvent de leur vie. Et les hommes qui les soutiennent aussi !

Ivry ma ville hebdo : Recueil de paroles, expos, spectacles, ateliers, déambulation en chanson, concerts, projections-débats… Qu’est-ce qui relie ces initiatives très différentes tout au long du mois ?

Nathalie Leruch : C’est la volonté de faire avancer la question des droits des femmes, en réfléchissant, en parlant, en dessinant, en écrivant, en chantant dans les rues, dans des spectacles… Ce monde de combats et de luttes quotidiens pour le droit des femmes se caractérise par toutes sortes d’actions différentes. Chacune a son sens et son utilité, selon la personne, selon le moment de la journée, selon la période de la vie. C’est l’addition et l’association de toutes ces initiatives qui fait que la prise de conscience se fait de plus en plus vite. Nous espérons toucher le maximum de monde avec des outils différents.

Il y a beaucoup d’initiatives ! En fait, ce n’est plus le 8 mars, c’est le mois tout entier ! C’est un mois de mars féministe et féminin. Et je trouve que c’est bien !

Propos recueillis par Sylvie Moisy

*Persan, langue officielle de l'Iran, de l'Afghanistan et du Tadjikistan.

PARMI LES TEMPS FORTS

Déambulation féministe en chanson
Le 8 mars de 18h à 20h, au départ de la Maison municipale de quartier Ivry-Port jusqu’à la place de l’Insurrection, déambulation à l’initiative de Femmes solidaires pour faire entendre la voix des femmes dans l’espace public.

« Corps en lutte » avec Ne rougissez pas !
- Du 8 au 29 mars à la Tracterie (3 place du 8 mai 1945) : cycle d’exposition consacré à la représentation des luttes sur le corps de femmes par l’atelier-café du collectif Ne rougissez pas !
- Le 17 mars à 18h à l’Espace Gérard Philipe (Centre Jeanne-Hachette), expo-rencontre autour du livre Histoires de corps, réalisé par le collectif avec des femmes ivryennes et Alice Rocq, sage-femme et sexologue.
- Le 22 mars de 19h à 22h : soirée de lancement du livre Histoires de corps en fanfare à La Tracterie.

Conférence : Pourquoi rien ne bouge ? Image des femmes dans les médias
Le 10 mars à 19h à la médiathèque du centre-ville (152 avenue Danielle Casanova), conférence de Claire Blandin, historienne des médias et professeure des universités (lire article p.28-29).

Projection-rencontre À propos d’Elly
Le 16 mars à 20h15 au Luxy (77 avenue Georges Gosnat), Asghar Farhad met en scène la désintégration d'un groupe d'ami.es, étudiant.es à l’université de Téhéran. Projection suivie d’une rencontre avec Amélie Myriam Chelly, docteure en sociologie.

Et aussi, tout au long du mois : ateliers, rencontres, expos, projections-débats dans les Maisons municipales de quartier ; concerts au Hangar et à l’auditorium Antonin Artaud ; café littéraire, spectacle et rencontre-photos à la médiathèque du centre-ville ; représentations au théâtre Antoine Vitez (lire article p.41) et au théâtre El Duende…

Programme complet

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