
Des poubelles renversées et étalées au sol, des barrières et des plots… L’entrée du lycée Romain Rolland est inaccessible ce mardi 4 février. Plusieurs dizaines d’élèves sont là pacifiquement, pour certains assis sur les monticules de conteneurs. Depuis lundi, l’établissement est bloqué par les élèves pour dénoncer les « E3C », les épreuves communes de contrôle continu du nouveau baccalauréat, instituées par la réforme Blanquer.
Les élèves de 1ère sont les premiers concernés par ces contrôles continus et sont donc en pointe dans la contestation, comme Samar. « Plusieurs d’entre nous ont eu des profs absents au premier trimestre, sans compter tous les jours de grève (en décembre et janvier). Du coup, on n’est pas prêts. On est allé au rectorat, mais comme on n’arrive pas à se faire entendre on bloque. On pourrait penser qu’on ne fait ça que pour rater les cours, mais pas du tout. »
Les élèves dénoncent des conditions inégalitaires entre lycées : sujets non travaillés, fuite des sujets, inégalité des conditions d’études… Ils ont l’impression d’essuyer les plâtres pour cette première édition du nouveau bac. « Nous ne sommes pas assez préparés, s’exclament deux élèves de Romain Rolland. Alors que les classes venant après nous, l’an prochain, auront déjà anticipé cette épreuve ». « Le gouvernement n’a pas envoyé assez tôt les sujets aux profs », poursuit Noa, élève de 1ère générale, qui rappelle que lui et ses camarades restent marqués par « les violences policières » contre des élèves du lycée, l’an dernier .
0 pour tout le monde ?
Des professeurs sont également présents pour s’assurer que le blocus se déroule sans violences, eux qui sont en majorité vent debout contrela réforme Blanquer. Et les parents ? « Il y en a un certain nombre qui sont inquiets de la situation, explique Séverine Quinet, de la fédération de parents d’élèves FCPE Romain Rolland. Mais nous sommes absolument contre la réforme du bac. »
Elle dénonce une réforme mal préparée, dans la précipitation. Et espère que les menaces du ministère de l’Education, qui promet un 0 aux élèves absents des E3C, ne seront pas appliquées. « Ce serait une catastrophe. Ce serait une décision autoritaire qui ne prendrait pas en compte l’inquiétude des élèves, qui ont l’impression d’être des cobayes de cette réforme mise en place sur les chapeaux de roues et au forceps. » En tout cas, les élèves n’ont pas l’intention d’abandonner le combat. « On va continuer ! », assure Samar.
Plusieurs élèves ont tenté également de bloquer le lycée Fernand Léger, ce mardi matin. Mais l’intervention de médiateurs de l’Éducation nationale et des discussions avec le proviseur ont permis la levée du blocus.
Philipe Gril avec Anne-Emmanuelle Marc Zebaze et Térence Bertier