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Lors de l’atelier d’écriture non mixte, des femmes s’expriment librement et mettent leur vie en lumière. À la Maison municipale de quartier Centre-ville Gagarine le 20 février. © Serena Porcher Carli

« Je ne sais pas si je veux être une femme,  s’interroge Lucie, 25 ans. Je ne veux pas l’être tout le temps, mon identité est mobile. » Mounia, la cinquantaine, se rappelle de la première fois où elle a porté une robe de soirée : « J’étais jeune et les regards sur moi étaient gênants. Je ne voulais pas qu’on me considère comme un objet. »

Ce 11 février après-midi, neuf femmes de différentes générations se racontent, à l’occasion d’un atelier d’écriture et de paroles, non mixte, organisé à la Maison municipale de quartier Monmousseau. Une initiative proposée par le comité Femmes solidaires d’Ivry, en partenariat avec la Ville, en amont de la Journée internationale des droits des femmes du 8 mars. Habitué à l’exercice, le collectif militant Langue de lutte a été sollicité pour cette séance originelle. Avec délicatesse et bienveillance, l’animatrice Alexia Tamécylia* accueille le groupe un peu intimidé : « Personne n’est obligé à rien, l’indulgence est la règle, il n’y aura pas de mauvais texte ! Si vous ne voulez pas le lire à voix haute, vous en avez le droit ! »

Se ventiler le cœur

Pour préciser son approche, elle présente la bande dessinée Broderies de Marjane Satrapi où l’artiste franco-iranienne décrit l’heure du thé après le repas dans sa famille. Les femmes se retrouvent alors entre elles, pour parler librement, notamment de leurs mésaventures conjugales. « Une grand-mère dit que c’est une séance de "ventilation du cœur ". Je vous propose de faire de même ! » lance Alexia dans un sourire. Après quelques exercices ludiques à l’oral, elle invite à prendre le stylo durant dix minutes pour achever une phrase pour le moins décisive : « Je suis devenue femme quand… ».

« Aujourd’hui, nous manquons de rituels pour nous retrouver, prendre conscience d’expériences et de combats communs, analyse-t-elle. Nous devons nous regarder comme des sœurs ! » L’écriture est une étape essentielle car elle permet de structurer la pensée et de rester centrée sur son récit. « J’ai été très émue par les histoires racontées et les échos avec la mienne. C’est incroyable !, rapporte Sonia, 30 ans. J’ai été heureuse et fière de me confier. »

Rendre les femmes visibles

Pour le comité Femmes solidaires d’Ivry, ces ateliers**, qui pourraient se poursuivre, s’inscrivent dans l’actuel mouvement de libération de la parole impulsé par #MeToo et #Balance ton porc. « Des artistes et des sportives se sont exprimées, il faut les remercier !, explique Livia Pouponnot, membre du bureau de l’association. Nous, nous voulons que toutes les femmes puissent faire comme elles, quelles que soient leurs origines sociales ou culturelles, et que leurs mots rejaillissent sur la société. » Voilà pourquoi il était important qu’il y ait une trace écrite des échanges afin qu’ils soient partagés** et contribuent à rendre les femmes visibles, libérées des injonctions et des rapports de force qui pèsent sur elles.

Catherine Mercadier

Comité Femmes solidaires Ivry : 06 41 82 21 45 ou femmesolidairesivry@gmail.com. Facebook : Femmes solidaires d'ivry.

*Autrice de Vulves, éditions Gorge bleue (2019).

**Un deuxième atelier a eu lieu le 20 février. Une partie des textes sera lue le 7 mars à 17h lors du forum d’ouverture de la Journée des droits des femmes. Voir programme ci-dessous.

Semaine engagée
À l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes qui a lieu le 8 mars, plusieurs initiatives gratuites sont proposées autour de cette date par différentes associations et la Ville. Tout le programme ici.

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