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S’il fallait un mot pour qualifier la riche vie de Christiane Rasse, sans doute serait-ce « engagement ». Cette figure d’Ivry est décédée le 3 août à 89 ans.

Élue conseillère municipale à Ivry en 1977, sous étiquette indépendante, elle deviendra adjointe au maire de 1983 à 1995 et œuvrera pour la délégation des affaires sociales.

« J’ai été confrontée à des situations qui m’ont étonnée, parfois bouleversée. Je pensais que la faim n’existait que dans les pays du Tiers-Monde… J’ai découvert que l’on souffrait aussi ici, et la solitude des gens m’a profondément marquée. », expliquait-elle en décembre 2009 dans les pages d’Ivry ma ville.

Une élue qui a toujours gardé « sa pleine liberté de pensée et d’action », comme l’exprimait Jacques Laloë, maire d’Ivry de 1965 à 1998, lors de la remise de l’Ordre national du Mérite à Christiane Rasse : « En participant à la municipalité, vous avez beaucoup donné à tous pour la défense et la conquête de nouveaux droits des femmes, de la famille… Vous avez beaucoup apporté pour continuer et développer une action sociale efficace, en étant en permanence attentive aux besoins des familles en difficulté pour les aider à vivre mieux, à rechercher un emploi, à se nourrir, se loger, se soigner… Pour les retraités, les réalisations ont été nombreuses : foyers-logements, maintien à domicile et assistance des personnes dépendantes… Pour les handicapés et leurs familles, votre engagement a été conséquent pour leur donner des moyens de mieux vivre leur différence et faire valoir leur droit à l’égalité des chances (…). »

Né le 24 octobre 1930 à Tananarive (Madagascar), aînée d’une famille catholique, elle vient à Paris en 1947, à l’âge de 17 ans, afin de poursuivre ses études. Après son baccalauréat au lycée Fénelon, elle obtient le diplôme d’éducatrice de jeunes enfants. En 1953, elle s’installe dans le XIIIe arrondissement et fréquente la paroisse Saint-Hippolyte où elle fait la connaissance de son futur époux, Jean Rasse. Ils se marient en 1955.

Ils s’impliquent socialement pour plus de justice et moins d’inégalités. Ils s’engagent dans la vie du quartier, militent dans le comité de défense des locataires, mènent des actions contre les expulsions et participent à des échanges et réflexions avec d’autres laïcs et des prêtres-ouvriers. Pendant la Guerre d’Algérie, ils accueillent des familles françaises ou algériennes en difficulté.

De 1964 à 1973, le couple vit à la Seyne-sur-Mer (Var). Là, Christiane Rasse milite au comité local puis départemental de l’Union des femmes françaises, et est membre des conseils de parents d’élèves. Elle fréquente une paroisse très active au plan ouvrier : « Notre prise de conscience, à Jean et moi, prend son départ avec la Mission de France qui associe des prêtres et des laïcs engagés pour une autre vision du monde et de l’Église. »

En 1973, Christiane Rasse et sa famille - elle aura dix enfants - s’installent à Ivry. Elle devient secrétaire locale de l’Union des femmes françaises.

Sa volonté d’agir au plus près des besoins de la population marque son action à Ivry. Elle s’impliquera notamment à la tête du comité de soutien de la SKF, l’usine de roulements à billes menacée de fermeture au début des années quatre-vingt.

Elle poursuivra son engagement en devenant présidente de l’Association des retraités d’Ivry pour les loisirs et la solidarité (Arils) ou encore en co-fondant et présidant l’Association pour la mémoire des enfants juifs d’Ivry.

Le parcours de Christiane Rasse est riche, engagé et dans l’action. Il témoigne de sa fidélité à ses principes et de son ouverture aux autres.

Elle sera inhumée au cimetière Monmousseau.

Ahmed Talbi

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