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« Le seul avantage du huis clos, c’est qu’on entend bien les coachs », explique le gardien Maté Sunjic (en bleu, tout à gauche). © Mairie d’Ivry-sur-Seine - David Merle

En grimpant les escaliers de la cité Marat quinze minutes avant le coup d’envoi d’US Ivry - Nîmes, ce samedi 21 novembre, on sent déjà que l’atmosphère n’est pas comme d’habitude. On aperçoit bien les lumières du gymnase Delaune, preuve qu’il se trame quelque chose sur le parquet, mais personne ne se presse devant l’entrée. Normalement, une telle affiche attire en nombre les afficionados des Rouge et Noir, mais ce soir, Covid-19 oblige, le match se déroule à huis-clos. Le sport professionnel échappant au confinement, la Ligue nationale de handball a décidé de poursuivre le championnat malgré l’absence de spectateurs.

Après avoir traversé l’espace buvette désespérément vide, on s’installe tribune Clerville. En comptant les délégations des deux clubs, la poignée de journalistes et de photographes autorisés, c’est une petite trentaine de personnes qui assistent ce soir à ce match. En face, les tribunes désertes ont été recouvertes de bâches rouges et noires. Nous nous étions habitués à une jauge réduite de moitié depuis le début de saison, mais là, c’est autre chose. Tout cela fait bizarre, évidemment, et le malaise grandit encore à l’entrée des joueurs. Cela peut paraître incongru, mais le protocole est le même que d’habitude. On fait comme si. Après les Nîmois, les Ivryens pénètrent à leur tour sur le parquet. « On peut applaudir, on n’est pas nombreux mais quand même », encourage Chabane, le speaker de l’USI, qui mettra tout son cœur pour maintenir un semblant d’ambiance durant la partie.

« Une absence préjudiciable »

Avec le huis-clos, on ne rate rien de ce qui se dit sur le parquets et sur les bancs : les consignes, les encouragements… « Sérieux, là ?! », râle un Nîmois lorsqu’un pénalty est accordé à Ivry. Pour une fois, les arbitres ont la paix et peuvent distribuer les deux-minutes sans avoir les oreilles qui sifflent. Même si on jurerait avoir entendu un juron en provenance d’un banc… Mais les Rouge et Noir, en difficulté face à une belle équipe de Nîmes, ne peuvent compter sur le soutien de leurs supporters. Un handicap, assurément. « Le moment le plus difficile pour nous, c’est le début du match, raconte Maté Sunjic, capitaine et gardien de l’US Ivry. Parce que d’habitude les gens sont derrière nous et ça créé une pression négative sur l’adversaire. Leurs encouragements nous poussent à nous dépasser, à mieux jouer. En début de deuxième mi-temps, quand on était à deux buts de recoller au score, l’absence du public nous a été préjudiciable. Il manque dans ce type de moments clés où on a besoin d’être poussés. Ça peut paraître paradoxal, mais la pression du public nous aide aussi à être encore plus concentrés. »

Au fil du match et de la tension, on finit parfois par oublier l’absence de spectateurs. François Lequeux et Pascal Léandri, respectivement président et directeur sportif de l’USI hand, assurent l’ambiance et tentent de mettre la pression sur les arbitres. Mais la mainmise nîmoise sur la fin de match aura raison de leur enthousiasme et de celui de Chabane. La dernière minute s’égrène en silence… et les visiteurs s’imposent largement (33-25). « On a l’habitude d’un Delaune bien garni qui nous pousse souvent vers le haut pour obtenir des résultats, regrette Maté Sunjic. À huis-clos c’est plus difficile de vivre les matchs. Ça ressemble à des matchs amicaux, sauf que l’enjeu est énorme puisqu’on parle d’un championnat où chaque point compte. » Le huis-clos, un avantage pour les équipes qui se déplacent ? Ce jour-là, les quatre matchs de Starligue joués ont tous été remportés par les équipes qui évoluaient à l’extérieur. Un bon présage pour les Ivryens, qui jouent ce vendredi 27 à Limoges ?

Philippe Gril

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