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© Denis Gliksman, Inrap

Ivry-Port n’en finit plus de livrer ses secrets. Après le site du BHV où furent trouvés en 2014 une enceinte, des céramiques et un squelette datant de 4500 ans avant notre ère, c’est au tour d’un terrain de l’avenue Jean Jaurès d’être fructueusement exploré.

Dans le cadre d’Ivry Confluences, un programme immobilier mélant logements sociaux, logements en accession et commerces doit voir le jour au 10 avenue Jean Jaurès. Toute rénovation urbaine étant très destructrice en profondeur, un diagnostic a eu lieu sur 10% de la zone à bâtir afin de s’assurer qu’il n’y ait pas de vestiges ancestraux…

Banco ! Les fouilles menées depuis octobre dernier (et jusqu’en mars prochain) par l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap) ont mis au jour une habitation datant de 2000 ans avant notre ère (-2002 avant J.C.), soit la fin du néolithique, période appelée « âge du bronze ancien ». Par ailleurs, une enceinte de bois et de terre, plus ancienne d’environ 2000 ans supplémentaires, a été découverte en dessous. Un vrai mille feuilles d’Histoire !

« Depuis dix ans, nous suivons les travaux de Sadev 94 (aménageur d’Ivry Confluences) sur le fond de vallée formé en -9000 av. J.C., à la sortie de la période glaciaire, lors des premiers âges des métaux, explique Fabrice Marti, archéologue à l’Inrap et responsable de l’opération. Il s’agit de la seconde fouille d’importance avec des contextes de conservation assez optimums. C’est la suite du site du BHV mais en mieux ! Déjà, nous sommes plus fins en termes de techniques scientifiques… et de savoir-faire car c’est la même équipe d’archéologues qui est à l’œuvre. »

Quotidien néolithique

L’observateur néophyte a pourtant bien du mal à distinguer quoi que ce soit dans la terre ocre du néolithique. Or de très subtiles différences de teintes permettent de dessiner les contours d’une habitation où plus de 600 objets ont été récoltés : tessons de céramique cuits à la meule, outils en silex taillé et ossements de bovidés puisque la période correspond à la sédentarisation des populations, passées de chasseurs-cueilleurs à agriculteurs-éleveurs vers -6000 avant notre ère. Les premiers paysans ivryens !

« Nous pouvons avoir de fortes suppositions sur l’architecture du bâtiment, construction en bois et terre crue de 21 m de long pour 11 de large, avec probablement un étage, décrypte Fabrice Marti. Quand les habitants sont partis, ils ont emportés les énormes pièces de charpente, laissant une soixantaine de trous de poteaux. Mais ce qui est assez exceptionnel, c’est que des sols d’occupation de la maison ont été conservés, permettant de déterminer comment ils vivaient au quotidien. En effet, nous connaissons très mal la culture du bronze ancien en Île-de-France. Ce sont les débuts de la métallurgie mais ils utilisaient encore beaucoup le silex. »

La découverte est d’autant exceptionnelle qu’il s’agit de la troisième maison complète de l’âge du bronze trouvée en Île-de-France, après celles du site du BHV et de Lesches en Seine-et-Marne, nettement plus petites.

« Cela permet un bond dans les connaissances car nous sommes enfin en mesure de pouvoir comparer plusieurs sites en Île-de-France. », se réjouit Xavier Rochart, archéologue à l’Inrap spécialisé en céramique.

« D’autant qu’à Ivry, tout le fond de vallée est encore à fouiller à l’occasion des travaux d’Ivry Confluences… », ajoute avec appétit Fabrice Marti.

Il y a donc fort à parier que le sous-sol ivryen recèle bien d’autres trésors…

Daniel Paris-Clavel

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