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« Moi Ceija je dis qu'Auschwitz vit et respire aujourd'hui encore en moi je sens aujourd'hui encore la souffrance Chaque brin d'herbe chaque fleur là-bas est l'âme d'un mort »*. Avec des mots simples et forts, sans ponctuation, l'artiste autodidacte Ceija Stokja (1933-2013) a été la première femme rom rescapée à témoigner par sa poésie et sa peinture de l'horreur des camps de la mort durant la Seconde Guerre mondiale. Comme les Juifs, les Tsiganes ont été la cible des nazis et ont été assassinés en masse. 

Ce 31 janvier, une plaque commémorant ce génocide va être dévoilée au parc Maurice Thorez, aux côtés d'autres plaques déjà présentes rendant hommage aux victimes du nazisme. Cette cérémonie se déroule lors de la commémoration de la libération des camps d'Auschwitz et dans le cadre de la Semaine de la mémoire contre le génocide des Juifs et des Tsiganes, pour la prévention des crimes contre l'humanité, la lutte contre le racisme et l'intolérance.

Méconnu, ce massacre a provoqué la disparition de 40 à 90% des familles tsiganes en Europe, celles qui vivaient en Allemagne et en Autriche ont été quasiment toutes décimées. On estime qu'environ 500 000 personnes ont péri. 

Droit à la mémoire

« L’inauguration le mercredi 24 novembre 2012 à Berlin du Mémorial d’hommage aux victimes Sinti et Rom du nazisme par la chancelière Angela Merkel a marqué le temps fort de la reconnaissance officielle d’un génocide longtemps dénié et l’historiographie récente met progressivement en évidence sa singularité, a analysé l'historienne Henriette Asséo dans la revue Études tsiganes en 2015-2016. La volonté d’extinction des familles et des sociétés romani ne constitue donc pas un meurtre à la marge mais engage dans l’esprit des nazis le cœur même de la doctrine raciale du sang avec sa double dimension doctrinale, généalogique et territorialisée. »

En partenariat avec la Ville, le Collectif de soutien aux Roumains d’Ivry est à l'origine de cette initiative comme Sacha Kleinberg, l'un de ses représentants, nous l'explique : « À Ivry, une quarantaine de familles rom issues du bidonville Truillot ont été sédentarisées, leurs enfants scolarisés. Après ce combat de dix ans pour leurs droits immédiats, il nous semblait maintenant important de conquérir leur droit à la mémoire. »

Il s'agit enfin de poursuivre la lutte contre les préjugés dont sont toujours victimes les Roms. « Rom » est le terme qu'ils ont eux-mêmes choisi pour se désigner. En romani, il signifie « homme ».

Catherine Mercadier

*Auschwitz est mon manteau de Ceija Stojka (Éd. Bruno Doucey).
Ceija Stojka, une artiste dans le siècle (Éd. Fage).

Retrouvez tout le programme de la Semaine de la mémoire, notamment le déroulé de la journée du 31 janvier ici

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