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Chaque danseur devra interagir avec la musique composée par son binôme : l'incarner ou au contraire s'y opposer pour exister. © Fabrice Pairault

La danse butō est née dans le Japon de l’après-Hiroshima. La musique acousmatique, que l’on nomme aussi musique concrète (ou électro-acoustique), a émergé après-guerre dans les studios du Club d'essai de la Radiodiffusion française, tout premier laboratoire des médias. Toutes deux se caractérisent par une grande liberté face aux « codes » habituels de la danse et de la musique. Des milliers de kilomètres les séparent, mais de heureux hasards font parfois bien les choses. « Après la sortie d’un de mes disques, une danseuse de butō m’a appelé car elle souhaitait utiliser ma musique », raconte Michel Titin-Schnaider, musicien et fondateur de l’association Aventures électro acoustiques (AEA).

Comme cela fonctionnait plutôt bien, il a eu l’idée d’un festival réunissant danseurs de butō et compositeurs de musique acousmatique. Sur le principe original d’un double appel à participation, lancé à la fois à l’intention des compositeurs et des danseurs. Et ces artistes qui ne se connaissent pas se choisissent les uns les autres par Internet interposé pour former des binômes.

Spectaculaires binômes

Initié en 2015, le festival En chair et en son s’est depuis également élargi à d’autres créations de danse contemporaine. Il se déroule chaque année, malgré un contexte difficile. « Un projet aussi atypique ne rentre pas dans le cadre des financements et la crise sanitaire n’a rien arrangé », déplore Michel Titin-Schnaider. L’édition 2020 n’a pas eu lieu et celle de 2021, qui n’a pas été aidée, a été exclusivement financée par l'association AEA et l’engagement bénévole de la compagnie Motus.

Cette année, 39 artistes de 10 pays proposeront 17 créations, « 17 binômes incroyables », promet le programme. Les compositions sont diffusées par un acousmonium, orchestre d’une trentaine de haut-parleurs présentant tous des caractéristiques acoustiques différentes, répartis dans la salle. « La grande spécificité de ce genre musical est en effet de privilégier les sons, et non les notes », rappelle le programmateur du festival. Pour le spectateur, il s’agira de s’immerger dans la musique et le mouvement. Cela fait sens !

Clara Delpas

Festival En chair et en son, du 19 au 23 octobre au Théâtre Aleph : 30 rue Christophe Colomb. 01 46 70 56 85. theatrealeph.com / en-chair-et-en-son.fr 

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