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Philippe Potchengueil avec ses parents Faïga et Joseph. Ils font partis de la trentaine de victimes ivryennes de la rafle du Vel’d’Hiv survenue les 16 et 17 juillet 1942. © Archives municipales / Hérédia-Simon

Grands sourires et culottes courtes, Philippe Potchengueil pose fièrement devant la boutique de son père à Ivry dans les années 30. Il a peut-être 5 ou 6 ans. Une image tendre et insouciante comme il en existe dans les albums de famille. Mais le destin de ce petit garçon, né en 1930, sera brisé, tout comme celui de son camarade Bernard Muljar. Le 16 juillet 1942, ils sont victimes, avec leurs parents, de la plus grande rafle de Juifs sous l’Occupation en France : la rafle du Vél’d’Hiv’. Près de 13 000 Juifs de la région parisienne sont arrêtés, les 16 et 17 juillet 1942, par la police française au service de l’occupant nazi. 7 000 sont parqués au Vélodrome d’Hiver (Paris XVe). Tous sont déportés vers le camp d’extermination d’Auschwitz-Birkenau. Parmi eux, il y avait plus de 4 000 enfants. Aucun d’entre eux n’est revenu. 

« Les témoignages et documents des familles sont précieux car peu d’archives permettent de documenter la rafle du Vel’d’Hiv’. ll y a une photographie prise devant le Vélodrome avec un alignement d’autobus, suggérant une arrestation massive, rappelle Michèle Rault, conservatrice en chef au service municipal Archives-Patrimoine. Il est important que les jeunes générations s’en emparent. »

À l’occasion de la 18e édition de la Semaine de la Mémoire*, organisée par la Ville et les associations locales, une classe de CE2 de l’école Joliot-Curie A a en effet retracé la courte vie de ces deux enfants avec le concours des Archives municipales et de la médiathèque. Ainsi les élèves d’aujourd’hui ont pu reconstituer les histoires des Potchengueil et Muljar qui vivaient à Ivry il y a 80 ans. Juives, ces deux familles avaient quitté l’Europe de l’Est pour se réfugier en France où les deux pères exerçaient le même métier : tailleur de vêtements. Voisins, ils étaient domiciliés rue de Paris, (aujourd’hui avenue Maurice Thorez) et étaient amis. Hélas, dès octobre 1940, des lois antisémites sont progressivement mises en place par le gouvernement de Vichy et les autorités nazies, comme un funeste préambule au génocide des Juifs en France.
Après le rappel des faits, les élèves ont été invités à raconter cette tragédie en peinture avec l’artiste Caroline Forest, professeure aux ateliers d’arts plastiques à la galerie Fernand Léger. Leurs
travaux seront exposés du 22 janvier au 19 février à la médiathèque.


Vivre en paix

« Quand les témoins disparaissent, ce qui est le cas pour la Seconde Guerre mondiale, il faut se réinventer pour que cette mémoire subsiste et persiste car cette période, de 1939 à 1945, est fondatrice de notre société, affirme Nathalie Leruch, adjointe au maire en charge du travail de mémoire. Tout ce qui a été réalisé avec les enfants sur la rafle du Vel’d’Hiv’ en est une belle illustration, comme le fleurissement des plaques dans les écoles, ou encore le spectacle des Bergers en scène sur le génocide des Tutsis... Tout cela m’emplit d’espoir car nous ne pouvons vivre en paix si nous n’avons pas de mémoire. »

D’autres jeunes Ivryens participeront à la Semaine de la Mémoire, notamment lors de la commémoration de la libération du camp d’Auschwitz, ce 30 janvier à 10h30. Une centaine d’enfants – la chorale du conservatoire et des élèves de l’Orme au Chat– reprendront Le Chant des partisans et La Marseillaise**. Pour rendre hommage aux victimes et se sentir un des précieux maillons de la transmission de la mémoire.

Catherine Mercadier

 

* Semaine de la Mémoire du génocide des Juifs et des Tsiganes, pour la prévention des crimes contre l’humanité et la lutte contre le racisme et l’intolérance.
** La programmation est susceptible d’évoluer selon la situation sanitaire.

Consultez le programme complet

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