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Dans le studio de Radio cartable situé à l’école Maurice Thorez. © Mairie d’Ivry-sur-Seine - David Merle

« Vous avez toujours voulu être enseignante ? » Avant que Marie-Jeanne Liegghio ne parte en retraite, elle a été interviewée par les journalistes en herbe de Radio Cartable,  la radio des enfants d’Ivry. Il s’agit d’une émission diffusée tous les jeudis, en direct, de 14h à 15h sur 89.4 FM. Et ce, depuis près de 40 ans ! Elle est soutenue par l’association des amis de la radio de l’école (Aradele) qui tient son compte Instagram. Retrouvez l’échange avec l’institutrice de maternelle (qui a œuvré 30 ans à la maternelle Maurice Thorez) dans l’émission du 7 juillet 2022 (plage 7, durée 8 minutes) ici.
En savoir plus avec le portrait de Marie-Jeanne Liegghio dans le magazine Ivry ma ville.

Une douce revanche

Enseignante à la maternelle Maurice Thorez durant 30 ans, Marie-Jeanne Liegghio est partie à la retraite le 7 juillet. Elle a été interviewée par Radio Cartable et Ivry ma ville.

« Pourquoi pleures-tu ? Regarde ! Autour de toi, il y a des jeux et des copains. Tout ce qui est ici est pour toi. Si tu restes renfermé sur toi, tu ne peux pas profiter de l’école. Je suis là pour que tout se passe bien pour toi. » Rejouant un échange avec ses petits protégés,  Marie-Jeanne Liegghio, 63 ans, raconte, d’une voix douce et bienveillante, son quotidien d’institutrice de petite section. Après trente-neuf années d’enseignement, elle s’apprête à prendre sa retraite, début juillet. Nous la rencontrons le 17 mai à 16h45, après le départ de ses élèves, à la maternelle Maurice Thorez dans la classe qu’elle occupe depuis trente ans ! Sur les murs, des escargots aux coquilles colorées sont engagés dans une course lente. Suspendus à un fil, une poule rousse et un chat blanc, confectionnés en papier crépon, semblent veiller sur notre conciliabule. « La petite section, c’est du non-stop. Nous accueillons des bébés qui vont devenir des élèves prêts pour les apprentissages, c’est passionnant ! Ils doivent aussi composer avec les autres, ce sont leurs premiers pas de citoyens. »
 

Si Marie-Jeanne Liegghio s’exprime mezzo voce, chuchotant presque, son propos est, lui, enthousiaste et généreux : « Je n’ai jamais eu l’impression de travailler ! Comme tous les enseignants qui débutent, je me suis sentie parfois dépassée mais j’ai été soutenue par mes collègues. Et j’ai adoré mon métier, la rentrée des classes, découvrir mes nouveaux élèves... J’aurais pu continuer, si je ne me sentais pas fatiguée. »
Son œil, bleu, pétille mais peut s’avérer extrêmement attentif : « J’incarne l’autorité et le cadre que chacun doit respecter. Quand un enfant fort s’en prend à un plus faible, je donne le pouvoir à celui qui a été bousculé. Je l’invite à aller dire son mécontentement à celui qui l’a malmené et à ne pas avoir peur car je surveille ! Si des représailles se présentent, je les arrête d’un simple regard. » Ce regard dissuasif est connu et fait des envieux du côté des parents. Une maman voulait même lui emprunter pour le week-end !

Des cauchemars d’école

Au début de sa carrière, cette Vitriote choisit d’être remplaçante afin de connaître les différents niveaux scolaires et les établissements de son secteur. Facétie du destin,  elle découvre que son histoire avec l’école Maurice Thorez remonte à quelques années avant son arrivée. « Quand j’ai été nommée ici, ma mère, ma tante et mes deux oncles - dont le mari de ma tante - m’ont dit que c’était leur école ! L’un d’eux se souvenait qu’il faisait des glissades dans la cour en pente. » Immigrés italiens, ses grands-parents avaient fui la région pauvre du Lazio avant-guerre et résidaient  dans « la zone ».  C’est ainsi qu’on appelait un bidonville  situé au niveau de l’actuel périphérique. Les enfants qui y vivaient étaient scolarisés dans l’ancienne école du Petit-Ivry, devenue Maurice Thorez.
 

En remontant le temps, une dernière question se pose. Quelle élève était Marie-Jeanne enfant ? « J’étais gentille mais je détestais l’école, j’en faisais des cauchemars !, répond-elle tout de go avant de prendre un silence. En devenant enseignante, je crois que j’ai pris ma revanche. ».Une réconciliation saluée par plusieurs générations d’enfants… et certainement aussi par la poule rousse et le chat blanc.

Catherine Mercadier

Mini bio
1959 : Marie-Jeanne Liegghio naît à Ivry, grandit à Vitry.
1983 : elle est reçue au concours de l’école normale des instituteurs du Val-de-Marne. Exceptionnellement, sa promotion est envoyée directement en classe sans formation (!).
1984-85 : retour à l’école normale avec moults questions.
1986 : commence sa carrière.
1992 : devient enseignante en petite section à la maternelle Maurice Thorez.
Juillet 2022 : débute sa retraite.

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