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© Mairie d’Ivry-sur-Seine - Alex Bonnemaison

C’est devant une salle comble que le gestionnaire et propriétaire Adoma* a détaillé, ce mardi 9 janvier, le projet de sa future résidence sociale en lieu et place de l’actuel foyer Michelet, situé au numéro 4 de la rue du même nom. « Nous mesurons à quel point les conditions d’habitat sont devenues indignes, a indiqué Romain Marchand, premier adjoint au maire, au cours de cette seconde réunion publique sur ce projet. Et c’est pour cela que la Ville appuie Adoma en ce sens. » Rappelons que ce foyer, construit en 1972, comprend 256 chambres de 7,5 m2 avec cuisines et sanitaires partagés. La Ville a notamment demandé au bailleur de vider progressivement le foyer en ne relouant pas les chambres libérées par les précédents locataires.

Ce foyer hors d’âge et sans confort va faire l’objet d’une démolition-construction. Il sera remplacé - sur une partie de la parcelle - par une centaine de studios meublés (de 19 m2 en moyenne), autonomes et équipés aux normes actuelles de confort pour accueillir de manière temporaire des ménages aux revenus limités et/ou rencontrant des difficultés sociales. L’autre partie de la parcelle sera cédée.

Deux bâtiments

La maîtrise d’œuvre sélectionnée a présenté l’opération.Le projet architectural du futur site comprendra « deux bâtiments - l’un en alignement de rue, l’autre en retrait - constitués de petites entités fractionnées, a précisé l’atelier d’architecture Jahel. L’arrière de la parcelle sera très végétalisée pour ne pas créer de vis-à-vis ». Ce chantier de deux ans qui démarrera en décembre 2023 sera intégré à la parcelle, évitant tout blocage de rue.

« Avant de démarrer la démolition, il faudra avoir fini de reloger tout le monde »,a assuré Adoma. Les locataires actuels du foyer ne seront pas relogés dans la future résidence sociale Michelet. Certains d’entre eux seront relogés dans la résidence sociale d’ores et déjà en cours de construction par Adoma (1re phase du projet) sur l’avenue Henri Barbusse et qui sera livrée en décembre 2023. D’autres seront relogés dans des logements de droit commun.

Ce soir-là, salle Michelet, quelques riverains mais surtout plusieurs dizaines d’habitants du foyer avaient fait le déplacement. Ces travailleurs migrants, soutenus par des membres du DAL (Droit au logement), sont venus faire part au bailleur et à la Ville de leur désarroi et de leur détresse. « Jusqu’en décembre 2023, qu’est-ce qu’on fait ?, interrogeaient plusieurs résidents. Que devient-on ? »

Témoignages poignants

Ils ont explicité et dénoncé avec beaucoup d’émotion leurs conditions de vie au foyer.« J’ai risqué deux fois ma vie à cause d’incendies. On va rester encore pendant combien de temps. Les lampes tombent, les locaux sont insalubres… Il n’y pas de surveillance, pas de gardien. Les squatteurs s’installent comme ils veulent ! » Des squats dans les parties communes qui engendrent de l’insécurité malgré les efforts de sécurisation des accès, de gardiennage ponctuel par le bailleur…

«Une fois ma porte fermée à clé, je dois la bloquer quand je dors pour ne pas être volé ! » « La caméra n’est pas branchée. » «Et quand on appelle la police, elle ne vient pas ! Pourtant elle est là pour protéger tout le monde…» « Nous on veut quitter ce lieu maudit. Tous les jours il y a des problèmes. Ce foyer pousse au suicide… »

Conditions de vie indignes

« Les conditions de vie dans le foyer sont connues, a répété Romain Marchand. Cela fait cinq ans que nous travaillons avec Adoma sur sa démolition. À la fin de l’année, plus personne ne sera dans ce foyer. La Ville a relogé depuis quelques mois certains locataires. Et Adoma a engagé une maîtrise d’œuvre urbaine et sociale (MOUS) pour prendre en compte les situations de relogement de chacun. »

Le bailleur a proposé d’organiser une réunion propre aux conditions de vie du foyer sur site afin de trouver des pistes d’amélioration : « La fin d’un foyer, c’est toujours très compliqué, a convenu Adoma. Car effectivement, le bâtiment a vécu. Rappelons que les relogements sont en cours et que le foyer se vide et va continuer à se vider progressivement. »

Sylvie Moisy

* Ex-Sonacotra, filiale de la Caisse des Dépôts.

Planning prévisionnel
- Phase préalable, février 2022 à décembre 2023 : relogement des résidents en cours ;
- Phase travaux à partir de décembre 2023 (pour deux ans) : réalisation de l’opération.

En savoir plus sur la future résidence sociale Michelet

Lire l’article Foyer Michelet : en voie de reconstruction

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