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Août 1944, la résistance locale reprend la mairie. Cette photographie a été prise sur l’esplanade devant l’hôtel de ville. © Archives municipales

La zone d’intérêt, c’est le périmètre que les nazis avaient établi autour des camps de concentration et d’extermination d’Auschwitz-Birkenau durant la Seconde Guerre mondiale. C’est aussi le titre du film de Jonathan Glazer qui s’est vu décerner le Grand prix au dernier festival de Cannes. Une œuvre glaçante qui interroge les représentations de la Shoah sans jamais montrer le camp. Il sera présenté le 26 janvier au Luxy lors de la Semaine de la mémoire du génocide des Juifs et des Tsiganes, pour la prévention des crimes contre l’humanité et la lutte contre le racisme et l’intolérance. Initié par la Ville, cet événement annuel, qui se déroule du 20 au 28 janvier, est construit en partenariat avec les associations et les écoles.

Dans les établissements, les plus jeunes fleurissent notamment les plaques rappelant que des enfants juifs d’Ivry ont été assassinés en déportation, ou bien ils leur rendent hommage en mairie lors de la cérémonie de L’Arbre aux enfants.
« Se souvenir des guerres, des génocides, des monstruosités que l’homme fait subir à l’homme pour des questions de territoires, de croyances, de jalousie ou de concupiscence, c’est une des façons de lutter contre la barbarie et sa reproduction, explique Nathalie Leruch, adjointe au maire en charge des archives municipales et du travail de mémoire. Même si nous sommes souvent découragés de voir ces processus se renouveler, il est tellement important de transmettre cette mémoire aux générations qui nous suivent et qui auront la responsabilité de faire tourner ce monde. »

Charles et Rachid

Au-delà des temps de recueillement, des débats sont organisés afin de s’interroger sur la manière d’enseigner ces histoires traumatiques, sensibles et complexes. Le 20 janvier, une première conférence s’y penche, abordant la Shoah mais aussi l’esclavage et la colonisation. Le 24 janvier, le Groupe français d’éducation nouvelle (GFEN) décortique les pratiques éducatives pour lutter contre le racisme.

La découverte de documents d’époque avec les enfants permet également le travail de mémoire. C’est ainsi qu’une classe de CM2 de l’école Maurice Thorez B a étudié des photographies de la Libération d’Ivry en 1944. « La Seconde Guerre mondiale est au programme en CM1 et CM2, rappelle leur enseignant, Frédéric Belling. Au départ, les enfants ont du mal à s’approprier la période mais elle s’incarne peu à peu grâce aux documents et aux interventions d’Aurélien Coutier, archiviste au service municipal archives-patrimoine. Certains élèves font des liens avec l’actualité, par exemple avec ce qui se passe à Gaza. D’autres évoquent leur famille. L’un d’eux a parlé de son grand-père tirailleur sénégalais, un autre a rapporté des photos d’un camp de travail pendant la guerre. »

Tout ce travail aboutit à une conférence, Les Voix de de la Liberté, des enfants racontent la Libération d’Ivry, qui sera présentée à la médiathèque le 27 janvier. À cette occasion, les élèves interprèteront une chanson inspirée de Douce France de Charles Trenet datant de 1943, et de sa version raï et rock de Rachid Taha avec le groupe Carte de séjour en 1986. Car la mémoire se transmet, se métisse et se tisse de tous les fils qui façonnent son histoire.

Catherine Mercadier

Retrouvez le programme complet de la semaine de la mémoire ici

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